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Transports en commun : la difficile transition des collectivités vers l'écologie

A l'occasion de la journée du transport public, de nombreuses agglomérations développent des opérations pour inciter les particuliers à laisser leur voiture au garage. Mais la question du modèle écologique pose encore problème aux collectivités.

Article rédigé par Anne-Laure Barral, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une station de métro, à Paris. Photo d'illustration. (OLIVIER BOITET / MAXPPP)

"Contre la pollution, vous avez la solution !" C'est le message que veulent faire passer les collectivités, samedi 16 septembre, à l'occasion de la Journée du transport public. Plusieurs dizaines d'agglomérations organisent des opérations pour inciter les particuliers à prendre les transports en commun : transports gratuits à Niort (Deux-Sèvres), ticket à un euro à Metz, inauguration d'une ligne de bus électrique à Marseille... tout est bon pour convaincre les Français de laisser leur voiture au garage et prendre le bus, le train ou le métro. Mais la question du modèle écologique de ces transports en commun pose encore problème à bon nombre de collectivités.

Un bus électrique coûte quatre fois plus cher

Nos transports en commun coûtent cher et nos abonnements et tickets n'en financent qu'un tiers : le reste de la facture est donc réglé par les collectivités, grâce à nos impôts. Pourtant, nos transports doivent aussi se mettre aux normes, pour moins réchauffer le climat avec leur CO2 et surtout diminuer leurs émissions de gaz polluants et de particules fines qui encrassent nos villes. L'équation est difficile à résoudre et, bien souvent, les collectivités ne peuvent pas opter pour la solution la plus écologique.

C'est le cas notamment de Jean-Luc Rigaud, vice-président du groupement des autorités de transport public et maire d'Annecy (Haute Savoie). Un bus électrique, qui coûte 400 000 euros contre 100 000 euros seulement pour un diesel, ce n'est pas encore à la portée de sa commune. "Un bus remplace 30 voitures donc je préfère continuer à investir dans des bus à faible émission, des bus "Euro 6" qui roulent au diesel, plutôt qu'investir dans des bus hybrides ou électriques, dont la technologie n'est pas tout à fait aboutie et qui coûtent deux fois plus cher." D'après ce maire, les agglomérations de taille moyenne ne peuvent pas investir dans des équipements aussi coûteux.

La demande c'est de l'offre, de la capacité de transport en commun avec plus d'amplitude, plus de fréquences et donc une amélioration des réseaux eux-mêmes

Jean-Luc Rigaud, maire d'Annecy

à franceinfo

Mais un bus peut-être en service pendant dix à quinze ans environ, ce qui représente de longues années encore à cracher des oxydes d'azote, mauvais pour nos poumons. Selon Frédéric Baverez, président du Groupement d'intérêt économique des transports publics, c'est toujours mieux que de voir tout le monde prendre sa voiture. "Si vous prenez les véhicules diesels d'aujourd'hui, ils sont de norme "Euro 6". S'ils remplacent un véhicule qui a 15 ans, donc de norme euro 2, ils divisent les émissions de polluants par dix, au minimum", assure-t-il.

Quatre milliards d'euros pour passer à l'électrique

Il estime la conversion du parc des transports publics vers des véhicules électriques coûterait à peu près 4 milliards d'euros à l'horizon 2025. "On pense cependant que le progrès technique fera que les véhicules électriques, d'ici sept ou huit ans, coûteront moins cher qu'aujourd'hui." Il rappelle cependant qu'il y a d'autres solutions, comme l'acquisition de véhicules au gaz naturel ou au biogaz. "En matière de prix, un véhicule au gaz coûte à peine plus cher qu'un véhicule diesel classique", estime-t-il.

Au-delà d'attirer plus de monde dans les transports publics avec cette opération, les collectivités attendent aussi avec impatience les Assises de la mobilité, à partir du 19 septembre, pour plaider pour de nouvelles aides fiscales pour le transport public. Les associations environnementales, elles, comptent demander de nouveau une écotaxe pour financer nos lignes de bus, de tram et de métro.

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