Torchage du gaz : gâchis énergétique, désastre environnemental
Le torchage du gaz, très courant au Nigéria, consiste à brûler le gaz qui s’échappe du puits lors de l’extraction du pétrole. Exploiter le gaz qui est en plus faible quantité que le pétrole dans les puits reviendrait à faire de lourds investissements pour les compagnies pétrolières. C’est pourquoi souvent, elles le brûlent, en particulier au Nigéria où l’insécurité et les vols de pétrole le long des oléoducs est un véritable problème.
"Notre terre était fertile mais à cause de cette activité, elle ne l’est plus" (Aiji Jérusalem, membre de la communauté Egi)
Aiji Jérusalem, membre de la communauté Egi qui vit dans le delta du Niger, souffre de la proximité avec ses activités pétrolières. "Notre terre était fertile mais à cause de cette activité, elle ne l’est plus. Cela affecte le zinc de nos maisons. Nous devons changer de toit chaque année à cause du torchage. Même l’eau est polluée. On voit parfois les sulphides et des particules de gaz dedans ", explique Aiji. Il parle aussi des problèmes de pollution de l’air, des maladies respiratoires que cela posent aux habitants.
Sans compter les accidents comme en 2012 où l’explosion d’un puits a souillé des dizaines d’hectares de terre. Il estime encore aujourd’hui que certains membres de sa communauté n’ont pas été suffisamment indemnisés. C’est pourquoi il vient tenter d’interpeller les dirigeants de Total et les actionnaires pour que la compagnie fasse un geste.
Plus rentableAu-delà de la situation des Egi, c’est le gâchis énergétique qui frappe aussi cette année alors qu’à grand renfort de publicités les pétroliers expliquent en cette année de "mobilisation mondiale pour le climat" que le gaz est la moins sale des énergies fossiles.
Au Nigéria, ils choisissent de le brûler parce que c’est plus rentable et moins risqué que de l’exploiter. "Selon un rapport de la banque mondiale, le Nigeria gaspille ainsi autant de gaz que ce qu’il faudrait pour subvenir aux besoins de toute l’Afrique subsaharienne ", explique William Chima, l’avocat de la communauté Egi et membre des Amis de la Terre Nigéria.
Le gouvernement nigérian a tenté par deux fois d’interdire le torchage en 1984 et en 2005 mais les compagnies pétrolières préfèrent payer des amendes pour pouvoir continuer à le faire. Total s’est engagé à mettre fin à cette pratique dans les prochaines décennies mais pour beaucoup d’ONG, cette échéance est trop lointaine surtout face à l’urgence du réchauffement climatique.
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