Super-typhon Haiyan : un témoin décrit des scènes de pillage
Emmanuel Roy est actuellement en mission aux Philippines avec Enfants du Mékong. Présent à Tacloban lors du passage du typhon qui a tué plus de 10.000 personnes, il a livré à France Info son témoignage ainsi que ses photos et vidéos. Après le passage de "Haiyan", le jeune Français a pu être rapatrié par un avion Cargo de l'armée de l'air à Cebu, une des villes les moins touchées du pays (son témoignage à écouter ci-dessous ).
L'arrivée du typhon
"Je me suis retrouvé à Tacloban alors que je n'aurais même pas du y aller au départ. Je ne m'attendais pas à ce que cette ville soit dans l'oeil du typhon. En arrivant jeudi soir, j'ai eu du mal à trouver un hôtel, car même les gens de Tacloban allaient se réfugier dans les hôtels".
"Même les gens de Tacloban allaient se réfugier dans les hôtels"
"Aux alentours de 5h30, des grosses pluies commençaient à se déverser sur la ville avec des vents violents. Nous étions au troisième étage : deux heures plus tard, le toit s'est complètement effondré. L'eau a commencé à monter jusqu'à 2,50m, 3m, et il y avait les véhicules complètement engloutis devant l'hôtel. Il y avait des gens sur le toit, sur les tôles, en proie au vent et aux fortes pluies. A tout moment, ils pouvaient être emportés par le vent, c'est une des images qui m'a le plus choqué ".
"Quand est-ce que ça va se terminer ?"
"Ca a duré environ 2h. Mais il y avait vraiment cette sensation : "Quand est-ce que ça va se terminer ? ". Le plus difficile, c'était hier (samedi), quand on a traversé la ville, pour rejoindre l'aéroport, les maisons étaient strictement rasées".
"Une des choses qui m'a le plus marqué, c'était le lendemain matin, la vision des habitants qui dévalisaient les magasins pour récupérer de quoi manger. Les magasins étaient même vandalisés, les gens repartaient avec des frigos et des machines à laver sur les épaules, c'était complètement ahurissant".
Une cinquantaine de cadavres sur son chemin
"Sur les 10 kilomètres qui nous séparaient de l'aéroport, nous avons vu une cinquantaine de cadavres. C' était vraiment horrible. Tout près de l'aéroport c'était complètement rasé, il n'y avait plus rien. On marchait au milieu d'une grande procession de gens qui allaient tous vers l'aéroport, où les produits de première nécessité commençaient à arriver. Il y avait des cargos stockées à l'aéroport donc les gens ont essayé de les ouvrir, de les forcer".
L'arrivée des secours
"Nous avons commencé à croiser l'armée dès hier matin (samedi), qui, munie de bulldozers et de pelleteuses, commençait à déblayer les routes. Parce que le problème, pour acheminer les produits de première nécessité, c'est que les routes étaient complètement bloquées. Il a fallu peut-être 20h pour que les moyens soient mis en place, et pour voir la Croix-Rouge et les Nations Unies commencer à mettre leurs actions en place".
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