Quatre sources de pollution inattendues dans les grandes villes françaises
Notre environnement quotidien recèle de substances toxiques dont nous ignorons souvent l'existence.
Perturbateurs endocriniens, pesticides cancérogènes, cyanobactéries toxiques : les principales sources de pollutions sont connues du grand public, notamment grâce au travail de l'association écologiste Robin des Bois. A l'occasion de ces 31 ans, l'organisation publie un Atlas de la France Toxique aux éditions Arthaud, qui regroupe l'essentiel de ses travaux. L'occasion de revenir sur certains élèments que nous côtoyons tous les jours et qui peuvent être la source de problèmes sanitaires.
1Les routes sont couvertes d'amiante
Entre 1970 et 1995, le revêtement utilisé pour prolonger la durée de vie des chaussées parisiennes était notamment composé d'amiante. Les chiffres sont publics depuis 2014 : 836 000 m2 de voiries amiantées ont été identifiées, soit 39% des enrobés bitumineux de Paris intra-muros et du périphérique. A l'époque, la direction de la Voirie et des Déplacements de la mairie de Paris indiquait que "l’amiante, qui peut se trouver dans un matériau de voirie type enrobé, est fixé et inerte et ne présente donc aucun risque pour les usagers et riverains". Toute la difficulté réside donc dans la gestion des fibres d’amiante qui peuvent se répandre dans l'air lors des travaux de réfection des chaussées.
Ce risque explique par exemple le retard pris dans les travaux de prolongation de la ligne 3 du tramway vers la porte d'Asnières, comme le rapporte Le Parisien dans cet article en mars 2016. Et il ne concerne pas que la capitale. Les mêmes substances sont présentes dans les enrobés utilisés sur tout le territoire et soulèvent les mêmes problèmes sanitaires dans tous les chantiers routiers. Ils ont par exemple été détectés près de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) lors de la construction d'un tronçon d'une ligne de bus et sont relevés au mois d'avril dans La Gazette des Communes.
2Les crématorium émettent du mercure
Le mercure gazeux qui s'échappe des incinérateurs provient de la fusion du vernis des cercueils mais aussi des plombages dentaires utilisés dans le traitement des caries. Contrairement à ce que laisse supposer leur nom, ces plombages ne contiennent pas de plomb mais sont composés d'un alliage de métaux et de mercure. La présence de ce poison dans nos dents ne présente que peu de risques selon l'association dentaire française, tant que le nombre de caries traitées restent inférieur à dix par personne.
Si l'unique crématorium de Paris est d'ores et déjà équipé d'un système de filtration des fumées, ce n'est pas le cas de la plupart des installations similaires dans les autres villes françaises. Elles ont jusqu'en 2018 pour se mettre aux normes européennes.
3Il faut se tenir à distance des lignes électriques
Les lignes à haute tension émettent des champs électromagnétiques de très basse fréquence qui présenteraient des risques pour l'espèce humaine, et en particulier pour les enfants. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé en 2002 ce type de champ magnétique comme étant possiblement cancérogène pour l’homme. Mais les travaux réalisés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) n'ont pour le moment pas abouti à la découverte de lien entre la présence de ces installations électriques et le développement de leucémies infantiles.
Dans un rapport publié en 2013, l'agence recommande néanmoins de "ne pas installer ou aménager de nouveaux établissements accueillant des enfants (écoles, crèches…) à proximité immédiate des lignes à très haute tension et de ne pas implanter de nouvelles lignes au-dessus de tels établissements". Aucune mention n'est cependant faite au sujet des lignes électriques souterraines et l'association Robin des Bois attire l'attention du public sur les 85 km de lignes très haute tension qui parcourent les sous-sols parisiens.
4Le chauffage au bois n'est pas un idéal écologique
La nocivité du benzène n'est plus à démontrer et fait l'objet d'une réglementation stricte depuis le début des années 2000. Cette substance, dont la présence est connue dans l'essence, est classée cancérogène par l’Union européenne. Elle est également répandue dans l'atmosphère lors de la combustion du bois en chaufferie industrielle ou dans les foyers domestiques.
Selon l'association Robin des Bois, les jours d’hiver, le chauffage au bois peut contribuer jusqu’à 70% à la pollution atmosphérique dans la région lyonnaise. Ce constat est également fait par l'observatoire régional de l'air en Midi-Pyrénées (Oramip) selon lequel un tiers des particules émises l'hiver dernier dans la ville de Toulouse provient du chauffage au bois.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.