"Que doit-on faire ?" : des élus de Charente-Maritime démunis face à la contamination de l'eau potable par des pesticides

Des résidus de pesticides ont été retrouvés dans l'eau potable en Charente-Maritime. Mi-décembre, le département a interpellé l'État pour savoir quelles actions mener, et avec quel financement.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Une personne remplissant un verre d'eau, le 18 juillet 2022 (photo d'illustration). (VANESSA MEYER / MAXPPP)

Les élus sont visiblement désemparés face aux effets des pesticides en France. Un rapport d’enquête parlementaire dénonçait jeudi 21 décembre le manque d’efficacité des politiques publiques sur le sujet.

Le département de Charente-Maritime a aussi adopté, vendredi 15 décembre, une motion pour demander plus de clarté sur les actions à prendre face à la contamination de l’eau potable. Plusieurs captages ont d'ailleurs été fermés dans ce département à cause des pesticides. Et il y a aujourd'hui la crainte que ce type de pollution n’en soit qu’à ses débuts. 

Cette motion est une première. Elle a été rédigée par le syndicat des eaux de Charente-Maritime, après la découverte cet été d’un résidu de fongicide dans un peu plus d’une vingtaine de captages d'eau. Jusqu’à présent, ce métabolite n’était pas recherché dans l’eau.

Il faut faire avec une nouvelle forme de pollution, selon Christophe Sueur, président du syndicat Eau17. "Ça a déclenché un réveil par rapport à cette tête d'iceberg. On essaie d'être responsables par rapport à tout ça et c'est là où je suis gêné, parce que d'un seul coup, on nous déclenche des alertes sur des molécules alors que cela n'avait jamais été fait au cours des 50 dernières années. Mais attention à ces molécules qui ont tendance à être mutagènes, qui existent dans le temps et qu'on n'arrivera peut-être pas à enlever", explique-t-il. 

Jusqu'à 1 milliard d'euros par an pour filtrer l'eau en France

La motion du syndicat des eaux a aussi été adoptée par le conseil départemental. Les élus ont le sentiment que l’État les a laissés seuls en première ligne sur ce sujet. Ils s’interrogent sur les seuils de dangerosité et sur les coûts de traitement. "C'est quelque chose qui ne va pas disparaître du jour au lendemain, estime Françoise de Roffignac, vice-présidente du Département en charge de l’eau et de l’environnement. Les questions qu'on pose donc à l'État dans cette motion, c'est : Que doit-on faire ?", interroge-t-elle. 

"Comment doit-on faire, sachant qu'il y a un coût et que ce coût va être supporté par la population à un moment ou un autre ? Qui finance, comment et pour quoi faire ?"

Françoise de Roffignac

à franceinfo

Il y a sans doute d'autres résidus de pesticides dans l’eau. Malgré tout, ce n’est pas possible de faire une conversion radicale du monde agricole, d'après le patron de la FDSEA de Charente-Maritime, Cédric Tranquard : "Est-ce que les produits qui sont utilisés partout aujourd'hui vont se transformer de la même façon demain, dans 20 ans, dans 50 ans ? Aujourd'hui, on ne sait pas. Je vous dirais qu'il faut tout arrêter, en revanche, en face, il faut un plan financier mais qui n'est pas possible".

Le traitement de l'eau pour filtrer ces résidus à l'échelle du pays va coûter de 500 millions à 1 milliard d’euros par an d’après la commission d’enquête parlementaire.

Pesticides : inquiétudes pour l'eau potable - Reportage d'Etienne Monin

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