"Je ne vais pas le retirer, c'est mon devoir de maire" : un arrêté municipal anti-pesticides fait débat au Perray-en-Yvelines
La maire de la commune a décidé de prendre un arrêté municipal contre l'épandage des pesticides, après la découverte d'un champ rouge sur sa commune. Une décision qui met en colère le monde agricole.
Au Perray-en-Yvelines, commune de 7 000 habitants, la guerre est déclarée. Au mois de mars dernier, des habitants découvrent un champ entièrement rouge. Il avait subi un épandage au glyphosate.
Au volant de sa petite voiture électrique, Paulette Deschamps, maire divers gauche du Perray-en Yvelines depuis 20 ans, montre du doigt le terrain agricole :"Là, il y a du blé, mais c’était auparavant une herbe rouge, et c’est entre deux parties habitées." Dans le jardin de la maison riveraine, on aperçoit une balançoire, à dix mètres du champ.
Un arrêté de protection des habitants
Interpellée par certains habitants inquiets, l'élue propose aux volontaires de faire des tests urinaires. Au total, 47 personnes se sont portées volontaires.
Tout le monde est au-dessus de la dose qui est acceptée dans l’eau potable. Pour un adulte, c’était 35 fois plus. J’ai donc pris un arrêté de protection des habitants
Paulette Deschampsà franceinfo
Mais le texte est illégal, a estimé le sous-préfet de Rambouillet dans un courrier, fin juin. La maire, elle, reste catégorique : "Non, je ne vais pas le retirer. C’est mon devoir de maire."
Plus d'un millier de personnes ont signé une pétition de soutien en ligne dont Céline. Son pavillon se trouve près du champ concerné, elle attend les résultats des analyses d'urine de son petit garçon. "Je n’ai même presque pas envie de connaître les résultats parce que les mauvais effets du glyphosate ne font plus de doutes et pourtant, l’État met du temps à réagir", explique-t-elle. Elle salue l'audace de l'élue : "La maire a un peu précédé tout ça et c’est très courageux de sa part."
"Ils nous prennent pour des criminels"
"C'est du grand n'importe quoi", répond, hors-micro, l'exploitant du champ incriminé. Il dit être très affecté par cette affaire et se sent stigmatisé. René, un autre agriculteur du coin depuis 1976, est assez agacé : "Il faut remettre les choses à plat, savoir si on peut encore vivre de notre métier."
On est dégoûté, une fois de plus. C’est clair, ils nous prennent pour des criminels !
René, agriculteurà franceinfo
Il ajoute : "Si on n’a pas de pesticides, on a un chiffre d’affaire de 30 à 40% en moins, et c’est énorme. Là, on est tout à fait dans les normes qu’on nous impose. On sait très bien que nous, on met les produits qu’on nous autorise, et si on ne nous autorise plus, on ne les met plus, terminé !" La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs d'Île-de-France envisagent de porter plainte pour harcèlement.
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