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Interdiction du glyphosate : un "objectif de défense de l'environnement et de santé publique majeur"

Des associations environnementales ont lancé une campagne d'initiative citoyenne européenne pour l'interdiction du glyphosate. Un enjeu majeur pour François Veillerette, président de Générations futures, invité mercredi sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants à Bruxelles contre le glyphosate, le 18 mai 2016. (JOHN THYS / AFP)

Des associations environnementales ont lancé une initiative citoyenne européenne pour l'interdiction du glyphosate. Un pesticide que l'on trouve notamment dans le Roundup, un herbicide produit par la compagnie américaine Monsanto.

L'objectif de cette campagne est d'obtenir un million de signatures pour obliger Bruxelles à se prononcer sur cette interdiction. Pour François Veillerette, président de Générations futures, invité mercredi 8 février de franceinfo, "c'est un objectif de défense de l'environnement et de santé publique majeur". Il a aussi dénoncé "la présence continuelle" des lobbys à Bruxelles qui s'opposent à l'interdiction du glyphosate.  

franceinfo : Pourquoi s'attaquer au glyphosate ?

François Veillerette : C'est l'herbicide le plus vendu au monde. Il a donc un impact dans l'environnement. On sait depuis 2015 que c'est un produit qui est cancérogène pour l'homme. C'est le classement que lui a attribué le centre international de recherche sur le cancer (CIRC). C'est un objectif de défense de l'environnement et de santé publique majeur pour nous.

Pourtant la nocivité du glyphosate fait encore débat. Pas pour vous ?

La perspective de le retirer du marché ne passe pas comme une lettre à la poste. Il y a des intérêts financiers et industriels importants. Le CIRC fait des évaluations de tous les produits chimiques au monde en se basant sur les études scientifiques publiées dans les revues. C'est sur cette base-là qu'il a édicté ce classement. Mais effectivement, il y a des lobbys agro-industriels qui renâclent un peu.

Qu'attendez-vous de Bruxelles ?

Il faut que la Commission prenne ses responsabilités. Elle doit appliquer, non pas le principe de précaution, puisque qu'on connait la dangerosité du glyphosate, mais le principe de prévention. Il y a un certain nombre de dispositions prévues dans le règlement sur les pesticides qui ne sont pas appliquées. Notamment celles que recommande l'ensemble de la littérature scientifique publiée. C'est à dire les études faites par les universitaires. Aujourd'hui, seules les études réalisées par les firmes agro-chimiques sont prises en compte. Vous en conviendrez que c'est un peu court.

Quand interviennent les lobbys ?

C'est une présence continuelle auprès des eurodéputés et de la Commission européenne. C'est une présence continuelle auprès des agences où des scientifiques ont des conflits d'intérêts. C'est en train de s'améliorer, mais il y a des progrès à faire. C'est à tous les niveaux que cela s'opère. Il ne faut pas imaginer des gens avec des valises de billets. Ce n'est pas comme cela que cela se passe. C'est pernicieux, c'est plus subtil, mais c'est une présence constante. L'industrie chimique à Bruxelles a plus de 200 lobbyistes. Les ONG n'ont pas la même force de frappe.

Un million de signatures d'au moins sept pays de l'UE. Vous y croyez ?

On y croit. Il nous faut au minimum 55 000 signatures pour la France. Ce n'est pas énorme. Mais il faut aller vite puisqu'au printemps, l'Union européenne aura donné l'évaluation du glyphosate. Il faut donc avoir ce million de signatures le plus tôt possible pour peser dans les discussions et espérer infléchir la position de la Commission européenne.

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