Exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse : "Des signaux d'alerte sur les effets" chez les enfants, selon l'Inserm
Une étude montre que l'exposition des femmes enceintes à des perturbateurs endocriniens peut affecter le comportement des petits garçons. "On a des signaux d'alerte", précise Rémy Slama, directeur de recherche à l'Inserm.
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![L'exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse est associée à des troubles du comportement chez les petits garçons, selon une étude de l'Inserm (illustration). (MAXPPP)](https://www.francetvinfo.fr/pictures/BDB0aksOsi5XziMGU2fNBRLewHA/0x2365:2871x3981/432x243/2017/10/01/phpItuX0T_1.jpg)
Une Ă©tude Ă©pidĂ©miologique menĂ©e par l'Institut français de la santĂ© et de la recherche mĂ©dicale (Inserm) montre que l'exposition des femmes enceintes Ă des perturbateurs endocriniens peut affecter le comportement des petits garçons. Il est question d'hyperactivitĂ©, d'anxiĂ©tĂ© et de crainte devant les situations nouvelles. "On a des signaux d'alerte sur les effets sanitaires" de ces perturbateurs endocriniens chez l'enfant, prĂ©cise RĂ©my Slama, directeur de recherche Ă l'Inserm, invitĂ© dimanche 1er octobre de franceinfo. Les agents concernĂ©s sont le bisphĂ©nol A, le triclosan (un agent antibactĂ©rien prĂ©sent dans certains dentifrices et savons) et le DPB (un phtalate utilisĂ© dans les colles et les vernis Ă ongles).Â
franceinfo : Qu'avez-vous observé précisément lors de cette étude ?
RĂ©my Slama : Ce qu'on observe, c'est notamment dans le cas du triclosan, c'est que les enfants, dont les mamans ont les niveaux de triclosan les plus Ă©levĂ©s, ont davantage de troubles Ă©motionnels. Dans le cas du bisphĂ©nol A ce sont plutĂŽt des comportements de type hyperactif qui sont observĂ©s. Les mamans dĂ©clarent, notamment dans le cas du triclosan, que les enfants se plaignent plus souvent de maux de tĂȘte, qu'ils sont plus soucieux ou plus nerveux dans des situations nouvelles par exemple.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris dans les résultats ?
La nouveauté de l'étude c'est vraiment ce qui concerne le triclosan. Le bisphénol A est sur la sellette depuis longtemps. Pour le triclosan, les résultats sont plus nouveaux et c'est la premiÚre fois qu'on étudie ses effets chez l'humain. Il y a quelques années, on avait déjà mis en évidence qu'il était susceptible de retarder le développement du périmÚtre crùnien des enfants. Mais c'est la premiÚre fois qu'on met en évidence un lien possible avec ce comportement de l'enfant et ce pesticide présent notamment dans les savons et le dentifrice notamment.
Le triclosan est interdit par l'Union européenne pour certains textiles. Faut-il l'interdire totalement ?
Il est effectivement autorisé, jusqu'à une certaine concentration, dans les cosmétiques. Là , clairement, on a des signaux d'alerte sur les effets sanitaires de cette substance. C'est un agent antibactérien, donc il faudrait vraiment s'assurer qu'il y a un bénéfice sanitaire important, car il y a vraiment une inquiétude sur ses effets sur le neuro-développement. Maintenant, il faut admettre que les études épidémiologiques ne sont pas toujours prises en compte trÚs rapidement par certaines agences sanitaires au niveau européen. Il y a également des débats sur la meilleure maniÚre de réguler les perturbateurs endocriniens, avec toujours un attachement à cette logique de régulation par une dose limite, dont on se rend compte, au moins pour le triclosan, qu'elle n'est pas trÚs efficace pour protéger les enfants.
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