Nicolas Sarkozy a jugé à Manaus "extrêmement encourageantes" les propositions américaines et chinoises sur le climat
Le chef de l'Etat français s'exprimait jeudi lors d'un point presse commun aves ses homologues du Brésil et du Guyana, à l'issue d'une réunion des pays amazoniens.
La Maison blanche a annoncé cette semaine que Washington proposerait une réduction de 17% d'ici 2020 de ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2005.
Malgré l'absence des principaux chefs d'Etat de la région, MM. Sarkozy et Lula espéraient rallier les pays amazoniens au texte qu'ils ont co-signé le 14 novembre à Paris. Baptisé "bible climatique" par le président Lula, ce texte détaille les grandes lignes minimales de l'accord que tous deux souhaitent voir adopter lors de la conférence mondiale sur le climat de Copenhague (7-18 décembre).
En dehors du Brésil, seul un autre pays de l'Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA, le Guyana, était représenté par son président, Bharrat Jagdeo. Les présidents colombien et vénézuélien, Alvaro Uribe et Hugo Chavez étaient absents du sommet.
La France est, quant à elle, invitée pour la première fois à une réunion de l'OTCA, alors qu'elle n'avait jamais pu jusqu'ici obtenir un siège d'observateur, bien que la Guyane française fasse partie de l'ensemble amazonien. L'Amazonie est la plus grande forêt tropicale du monde et son premier "poumon" vert.
Sarkozy et Lula préparent Copenhague
La France et le Brésil militent en fait pour un accord politique fixant des engagements contraignants et vérifiables dès Copenhague. Les pays de l'Union européenne se sont ainsi d'ores et déjà engagés à réduire leurs émissions d'au moins 20% d'ici 2020 par rapport à 1990 (de 30% en cas d'accord à Copenhague). Du côté des pays émergents, le Brésil et la Corée du Sud ont promis de réduire substantiellement leurs émissions d'ici 2020 par rapport aux projections "business as usual" - de 36% à 39% pour le premier et de 30% pour la seconde.
Manquent en revanche à l'appel les deux pays les plus pollueurs du monde - Etats-Unis et Chine - sans lesquels un accord politique à Copenhague est difficilement envisageable.
Une des principales difficultés est de convaincre le président américain Barack Obama de s'engager sur des objectifs chiffrés cohérents avec les objectifs globaux et comparables à ceux des autres pays industrialisés.
Les engagements américains
La Maison blanche a annoncé cette semaine que Washington proposerait une réduction de 17% d'ici 2020 de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à 2005. Washington s'engagera aussi sur une baisse de 18% des émissions de GES d'ici 2025 par rapport à 1990 et de 32% d'ici 2030.
Barack Obama a cependant pris tout le monde de court en faisant savoir qu'il se rendrait le 9 décembre à Copenhague, au début de la conférence sur le climat, qui commence le 7, avant d'aller chercher son prix Nobel de la Paix à Oslo le 10.
Nicolas Sarkozy souhaitait tenir un sommet intermédiaire pour préparer Copenhague à l'occasion de la réunion du forum Asie-Pacifique (APEC) à Singapour, mais cela n'a pu avoir lieu en raison notamment du refus des Etats-Unis. A Manaus, Nicolas Sarkozy l'a cependant reproché implicitement au président américain alors que les chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus dans la capitale danoise les 17 et 18 décembre pour la conclusion de la conférence.
"Dieu sait que j'étais pour un sommet intermédiaire", a rappelé M. Sarkozy, mais "pendant la conférence, cela va être très difficile de faire un sommet intermédiaire et je ne voudrais surtout pas qu'on soit discourtois à l'endroit des Danois et des 66 chefs d'Etat et de gouvernement qui ont déjà donné leur accord pour participer à la conférence".
Discussions sur le climat au Commonwealth
Vendredi, le président français sera dans l'archipel des Caraïbes de Trinité-et-Tobago, où se tient le sommet des 53 pays du Commonwealth, qui représentent un condensé de tous les problèmes qui seront soulevés à Copenhague.
Grande-Bretagne, Canada, Australie y côtoient des pays émergents comme l'Inde et l'Afrique du Sud et tout l'éventail des Etats les plus pauvres, du Bangladesh aux Maldives en passant par des pays africains et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
C'est la première fois qu'un président français (et président de la francophonie) est invité à s'exprimer lors d'un sommet des anciens pays membres de l'ex-empire britannique. Nicolas Sarkozy devrait prendre la parole en séance plénière, devant notamment la reine Elizabeth II.
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