Moins de déchets, plus de santé chez les Quechuas
Dans sa cuisine, Catherine Almonazir, 23 ans, prépare la soupe au fromage pour sa famille sur sa nouvelle cuisinière. En fait, il s’agit d’un bloc de briques à l’intérieur duquel un feu se consume. Sur les murs de la petite pièce, on voit encore des traces noires de fumée quand Catherine n’avait pas encore ce foyer amélioré. "Avant nous faisions du feu entre des pierres au milieu de la cuisine à l’air libre. On mettait une grille sur le feu et on posait nos casseroles sur la grille. Il y avait beaucoup de fumée. Aujourd’hui on respire mieux ", confie la jeune femme qui se réchauffe les mains au dessus du foyer.
500 000 foyers améliorés devraient être installés d'ici 5 ans au Pérou
Le Pérou a décidé d’installer 500 000 foyers améliorés d’ici 5 ans dans tous le pays, d’abord pour des raisons sanitaires. En effet, l’OMS estime que l’air pollué par les feux de cuisson a tué 7 millions de personnes dans le monde. Mais l’autre avantage de ce foyer amélioré c’est qu’il consomme beaucoup moins de bois. "Avant cela pouvait aller jusqu’à 50 kg par jour alors qu’avec une combustion fermée quelques bûches suffisent ", reconnaît Catherine.
Moins d'insalubrité pour les habitants, moins de pollution pour l'environnement
Moins de déforestation autour du village pour les feux de cuisson, c’est moins d’érosion et de glissement de terrain, plus d’eau de pluie retenue par les sols grâce aux arbres et surtout plus de CO2 capté par la forêt. Pour comprendre tout cela les 220 habitants du village de Chamiseria, situé à 3500 m d’altitude au centre du pays, sont aidés par l’ONG Care. Elle leur a fait des formations pour construire des foyers améliorés mais aussi des latrines pour inciter à l’élevage de petits animaux comme des cochons d’Inde.
Depuis quatre ans, les habitants de ce village quechua se sont organisés en comité de développement pour améliorer leur niveau de vie et limiter leur impact sur l’environnement. Pour Myrta, la secrétaire du comité, de véritables progrès ont été accomplis.
"Pour laver notre linge, nous allions dans la rivière. On polluait l’eau avec nos détergents et nos savons. Aujourd’hui, nous avons construit nos lavabos et nous avons aussi des toilettes. Maintenant nous avons fait des puits de drainage pour évacuer les eaux sales alors qu’avant elles stagnaient dans le village et cela nous attirait beaucoup de mouches ".
Moins d’insalubrité pour les habitants, moins de pollution pour l’environnement, l’équation est gagnante. Tellement gagnante que le nombre d’enfants mal nourris dans le village a baissé. "Je suis fière d’être de Chamiseria. Je préfère rester ici plutôt qu’aller en ville ", sourit Jeannette, une jeune fille de 23 ans. Alors que le Pérou souffre toujours d’exode rural vers les villes comme Lima, où les banlieues grossissent, les jeunes ont compris qu’il valait mieux améliorer sa vie au village plutôt qu’espérer un avenir plus vert en ville.
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