Mardi, le Japon était "en état d'alerte maximum" face aux problèmes de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima
La situation reste "imprévisible" selon le 1er ministre, alors que l'agence de sûreté nucléaire japonaise évoque des fuites à travers l'enceinte de confinement sur plusieurs réacteurs de la centrale de Fukushima.
Les barres de combustible dans les réacteurs 1, 2 et 3 sont endommagées et des fuites sont hautement probables a déclaré mardi l'agence.
Du plutonium a été détecté dans le sol à cinq endroits de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima.
Les experts pensent que du combustible des réacteurs 1 à 4 a vraisemblablement commencé à fusionner dans les heures qui ont suivi le tsunami, dégageant des rejets radioactifs.
Une situation désormais "imprévisible"
La centrale de Fukushima, construite il y a plus de 40 ans sur la côte du Pacifique, dans une région exposée aux séismes, à 250 km au nord de la mégapole de Tokyo, n'était pas conçue pour résister au tsunami de 14 mètres de haut qui a déferlé sur la zone.
Lors d'une réunion au parlement, le Premier ministre japonais Naoto Kan a reconnu que les risques avaient été sous-évalués. "Nous ne pouvons pas nier que l'évaluation du danger d'un gros tsunami à l'époque a été largement erronée", a-t-il dit.
Concernant le présent, il a affirmé que la situation restait "imprévisible" et affirmé que son gouvernement de centre-gauche allait "s'attaquer à ce problème dans un état d'alerte maximum".
Les opérations se poursuivent sur le site de la centrale afin de stabiliser la situation dans les réacteurs et d'y rétablir les circuits de refroidissement.
Lundi, de l'eau fortement radioactive a été découverte dans les tunnels passant sous les bâtiments des réacteurs 1, 2 et 3, et débouchant à l'extérieur.
L'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) a relativisé l'information en affirmant que les traces de plutonium "restent du même ordre de grandeur que les concentrations observées avant l'accident". "En termes de quantités de plutonium détectées sur les cinq points de mesure, on reste dans le +bruit de fond+" qui est dû aux retombées des essais nucléaires, a-t-elle dit.
Risque de catastrophe écologique renforcé
Les risques de catastrophe écologique et de pollution de la chaîne alimentaire ont été encore renforcés après l'annonce lundi soir que des traces de plutonium avaient été décelées dans cinq prélèvements de terre effectués il y a une semaine dans l'enceinte de la centrale.
Tokyo Electric Power (Tepco), l'opérateur du site, s'est empressé de souligner que les taux mesurés ne représentaient aucun danger pour la santé. "Le plutonium vient probablement des barres de combustible", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.
Les experts pensent que le combustible contenu dans les réacteurs 1, 2 et 3 et les barres de combustible usé se trouvant dans la piscine du réacteur 4 ont vraisemblablement commencé à fusionner dans les heures qui ont suivi le tsunami, dégageant des rejets radioactifs.
Mais le processus, qui pourrait déboucher sur une catastrophe nucléaire majeure, semble avoir pour l'instant été enrayé par Tepco. La zone de Fukushima devrait néanmoins devenir un no man's land, car même après l'arrêt des réacteurs, des tonnes de déchets radioactifs demeureront dans l'enceinte.
Quelle est la pire issue possible ?
Il y en a deux et le risque qu'elles arrivent est faible, explique Reuters. La première est un accident de "criticité", c'est-à-dire une réaction nucléaire en chaîne involontaire et incontrolée. Il n'arrivera sûrement pas tant que les piscines de combustible usé continueront à être arrosées dès que la température montera.
La deuxième est une explosion de vapeur qui serait provoquée par le contact entre l'eau des piscines et du combustible fondu, qui romprait la cuve du réacteur et tomberait dans les piscines. L'explosion "hors cuve" - qui n'est jamais arrivée - pourrait alors briser la dernière enceinte de confinement du bâtiment.
Des centaines d'ouvriers se relaient sur le site
Des centaines d'ouvriers, pompiers et soldats se sont relayés jour et nuit depuis l'accident, parfois au péril de leur vie, pour déverser des milliers de tonnes d'eau de mer, remplacée récemment par de l'eau douce, afin de refroidir le combustible. Dix-neuf personnes au moins ont été exposées à des niveaux importants de radioactivité.
Conséquence de cette opération titanesque : des milliers de mètres cubes d'eau contaminée se sont déversés dans les bâtiments annexes des réacteurs, et ont inondé des tunnels techniques débouchant à l'air libre, à environ 60 mètres du rivage du Pacifique.
Dans la salle des machines du réacteur 2 et dans le tunnel adjacent, le taux de radioactivité à la surface de l'eau a été mesuré à plus de 1.000 millisieverts par heure, un niveau anormalement élevé qui laisse penser que le liquide a été en contact direct avec le combustible.
De l'eau contaminée a pu s'échapper vers l'océan
Tepco a admis que de l'eau contaminée pourrait s'être échappée vers l'océan. Les tests effectués dans l'eau de mer à 300 m au sud de la centrale ont montré un taux de radioactivité près de 2.000 fois supérieur à la normale la semaine dernière. Mais le taux mesuré lundi était retombé à près de 30 fois seulement.
L'opérateur de la centrale a annoncé que l'étanchéité de tous les puits de regard conduisant aux tunnels techniques allaient être vérifiée, afin d'empêcher l'eau polluée de s'échapper.
La forte nocivité de ces nappes perturbe les opérations de remise en route des systèmes de refroidissement des réacteurs.
Les travaux de pompage de cette eau vont être compliqués, car les techniciens doivent trouver un moyen de la transvaser dans des réservoirs sans s'exposer à des doses mortelles de radiations. "Nous devons enlever cette eau le plus vite possible", a déclaré le porte-parole du gouvernement. "Refroidir les installations est indispensable", a toutefois souligné M. Edano, en promettant que tous les efforts seraient faits pour "utiliser le minimum d'eau".
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