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Les bioplastiques sont-ils vraiment écologiques ? : "Aujourd'hui, on ne sait pas combien de ces déchets on va pouvoir composter"

Des sacs aux gobelets en passant par les bouteilles, les emballages fabriqués en bioplastique se développent. Mais quand ils ne sont pas bien collectés, ils perturbent le recyclage des autres emballages.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un emballage plastique biosourcé. (MAXPPP)

La société Yumi vend sur internet des jus de légumes bio et locaux dans des bouteilles fabriquées en canne à sucre. En misant sur le bioplatique, les fondateurs cette petite société de 17 personnes pensaient bien faire. Pourtant, ils se retrouvent mis à l’amende de près de 2 500 euros pour ce choix, explique Raphaël de Taisne, à l’initiative de la société. "Vous avez un éco-organisme qui s'apelle Citeo, qui est agréé par l'Etat pour une période cinq ans, et qui décide qu'une bouteille issue à 100% du végétal devrait payer un malus de 100% par rapport à son alternative en plastique issu du pétrole. C'est absolument irresponsable", dénonce Raphaël de Taisne.

Yumi paye, par unité de bouteille, deux fois plus d'éco-contribution qu'une bouteille de Coca-Cola en PET

Raphaël de Taisne, co-condateur de Yumi

à franceinfo


Du coté de Citeo, chargé de la collecte des emballages, on assume ce malus. Car les bioplastiques perturbent les chaînes de tri des autres plastiques comme les PET, et ils ne peuvent devenir du compost que dans certains conditions qui sont encore en cours d’évaluation, explique Jean Hornain, directeur général de Citeo. "Il faut développer ce qu'on appelle une filière. On a lancé une première expérimentation avec une jeune entreprise innovante qui s'appelle Les alchimistes. Ils font du compostage industriel avec des bouteilles de bioplastique pour voir comment on peut imaginer cette filière, sachant qu'il faut imaginer en même temps ce que devient le bouchon, l'étiquette, les encres s'il y en a. Toute cette problématique là doit être prise en compte", souligne le directeur général de Citeo.

Le bioplastique, c'est du plastique, il ne faut pas l'oublier. Ce n'est pas du biodégradable, ça ne se jette pas dans la nature.

Jean Hornain, directeur général de Citeo

à franceinfo

Éviter au maximum les emballages, c’est ce que prône l’association Zero Waste, et pour Laura Chatel, l’une de ses portes paroles, il faut rester prudent face au bioplastiques : "La question qu'il faut se poser avant tout c'est de savoir si on va pouvoir le gérer et le valoriser dans de bonnes conditions pour l'environnement. Aujourd'hui, on ne sait pas combien de déchets en bioplastique on va pouvoir composter dans nos plateformes industrielles. On ne sait pas non plus quelle va être le geste du citoyen quand il va se retrouver dans sa cuisine avec une bouteille en plastique classique et une bouteille en bioplastique compostable. Est-ce que ça va être de tout jeter dans la poubelle de tri, et ça va perturber les filières, ou de tout jeter dans la nature puisque le plastique est dit compostable ?... Il y a un risque de confusion."

Pour Zero Waste, là ou le bioplastique est bien utilisé c’est quand il sert de sacs poubelle aux collectes de déchets organiques. Dommage que ces collectes ne concernent pour l’instant que 5 millions de Français.

Le reportage d'Anne-Laure Barral

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