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Les 100 mots du développement durable

L'institut Médiascopie a interrogé 300 Français pour savoir comment le vocabulaire du "développement durable" est perçu alors que nous sommes en pleine crise économique. Préservation de l'eau, tri des déchets, énergie solaire sont les mots qui suscitent le plus d'espoir.
Article rédigé par franceinfo
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Les mots qui suscitent le moins d’espoir d’aller vers un monde plus durable sont 4 X 4, consommation de pétrole, OGM, transports par camion. Dans le contexte de la crise, constructeurs automobiles, compagnies pétrolières, transporteurs routiers et grands semenciers transgéniques, sont donc mis sur la sellette. Mais d’autres secteurs économiques sont également interpellés, bien qu’un peu mieux situés sur l’échelle de l’espoir d’un monde plus durable : l’énergie nucléaire, l’automobile, et les transports aériens.

Si les mots libéralisme, capitalisme et mondialisation sont placés loin de l’image qu’on se fait d’un monde plus durable, décroissance n’est pas situé plus proche, tandis que croissance économique est perçu, à l’inverse, beaucoup plus compatible. Les Français n’envisagent pas d’aller vers un monde meilleur par un “retour en arrière”. Ils veulent croire en la possibilité d’une croissance durable et, plus encore, d’une croissance verte.

Les domaines qui suscitent un fort espoir d’un monde durable et qui sont bien appropriés par les Français, c’est-à-dire où ils estiment pouvoir agir à titre individuel, sont : la préservation de l’eau ; l’énergie électrique, avec la très bonne cotation d’ampoules basse consommation ; le tri des déchets ; les modes de transport doux et collectifs (vélo, transport en commun, covoiturage et auto-partage), ainsi que le tourisme responsable.

Suscitent un fort espoir également un ensemble de mots qui relèvent davantage des acteurs collectifs que sont les Etats, les entreprises ou les ONG. Ils désignent : soit les grands combats de la planète (lutte contre le changement climatique, par exemple) ; soit des modes de transport doux et propres ou des sources d’énergie, qui appellent de lourds investissements financiers, en recherche, en technologie ou en infrastructures, et qui renvoient nécessairement, de ce fait, à une action collective (TGV, tramway, voiture électrique, énergie solaire, par exemple).

Un dernier groupe de mots suscite de l’espoir, mais ils ne sont pas appropriés par la population : ce sont des mots qui désignent des domaines dans lesquels rien ne peut être fait ou presque sans l’action des Etats (ferroutage, taxe sur les sacs plastiques, plan de relance, ou impôt écologique, moins bien noté que fiscalité verte !) ou des entreprises (traitement des déchets industriels). Ce sont, aussi, des mots qui appartiennent à la “novlangue écologiste” (management environnemental, écogouvernance, ou bilan carbone).

LES ENSEIGNEMENTS

Il reste un gros travail à faire pour que le vocabulaire du développement durable soit approprié par les individus. De nombreux mots sont incompris, trop abstraits, techniques ou technocratiques. L’attente de pédagogie est forte, en particulier pour ce qui est de son volet social et sociétal.

La crise est une forme de pollution. Elle est vécue par les personnes interrogées par l’Institut Médiascopie comme le dernier avatar d’une dégradation de la planète tant d’un point de vue économique qu’écologique.

Le développement durable est perçu comme la solution à la crise, le principal chemin pour sortir du marasme général et assainir un environnement global vicié, en consommant moins et mieux.

Aujourd’hui le consommateur reprend du pouvoir, mais le mot “consommation” change de sens : on va vers une consommation vigilante et responsable. La crise a mâtiné le consommateur d’une dimension citoyenne. Il s’interroge et réfléchit à son acte d’achat. Il veut mettre du sens dans sa consommation.

L’idée de croissance n’est pas remise en cause par la crise. Pour les individus, le progrès passe toujours par une croissance, mais une croissance différente, maîtrisée, non plus effrénée, à tout va et à n’importe quel prix, mais plus sobre, durable et porteuse de sens.

Parce que la crise est vécue comme une crise morale, la dimension éthique est la clef de voûte des nouvelles valeurs attendues par les Français. La dimension humaine et sociale fait partie intégrante du développement durable. Le lien social est en péril, autant que la planète. Il faut en prendre soin.

Les Français attendent des entreprises qu’elles accordent leurs actes avec leurs discours, qu’elles s’affirment comme les acteurs d’un monde plus durable et qu’elles soient exemplaires à cet égard, non seulement au plan de l’environnement, mais aussi au plan social. Ils attendent également d’elles qu’elles démontrent leur utilité sociale et qu’elles expliquent leur action en faveur du développement durable, qu’elles en fassent la pédagogie auprès du grand public.

Les individus font part d’une profonde déception vis-à-vis du politique sur le développement durable. Ils ont le triple sentiment : qu’il n’a pas pris la mesure du bouleversement en cours ; qu’il ne prend pas de décisions débouchant sur des actes concrets (quid des répercussions du Grenelle de l’environnement ?) ; qu’il est contraint par les lobbies des industriels, voire soumis à leurs pressions.

Les attentes exprimées à l’égard du politique montrent que les États sont attendus dans un triple rôle : la pédagogie, à destination du citoyen ; la réglementation (incitations fiscales, mise en place de normes…) ; la sanction, à l’encontre des industriels qui n’appliqueraient pas les règles.

Cette enquête a été réalisée auprès d'un échantillon de 300 Français (moitiés hommes et femmes) âgés de 18 à 75 ans de toutes catégories socioprofessionnelles et de toutes sensibilités politiques.

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