Le super-typhon Haiyan est-il dû au réchauffement climatique?
Le typhon Taiyan et sa puissance dévastatrice et inédite - on n'avait jamais enregistré des vents à plus de 360
km/h - se sont invités à la 19e conférence climat de l'ONU qui s'est ouverte ce lundi à Varsovie. Une réunion qui a comme objectif de tenter de contenir le réchauffement climatique qui pourrait frôler les 5 degrés selon le rapport rendu en septembre par les experts du Giec. Un rapport qui juge "probable " l'augmentation de l'activité des cyclones tropicaux intenses.
"Nous nous rassemblons aujourd'hui avec, sur nos épaules, le poids de nombreuses réalités qui donnent à réfléchir" (...) comme "l'impact dévastateur du typhon Haiyan ", a déclaré la responsable climat de l'ONU Christiana Figueres devant les représentants de plus de 190 pays : "Il n'y a pas deux équipes, mais l'intégralité de l'humanité. Il n'y a ni gagnant, ni perdant. Nous allons tous gagner, ou tous perdre".
"Nous manquons de recul"
L'étude des cyclones manque cruellement, il est vrai, de "bases de données
assez homogènes car il n'y avait pas de satellites avant les années 70 ", fait de son côté remarquer Fabrice Chauvin, chercheur au Centre national de recherches
météorologiques, à Toulouse.
"Nous manquons de recul ", confirme à Hervé Le Treut, professeur à
l'Université Pierre et Marie Curie, à Paris Jussieu, spécialiste notamment de
la modélisation numérique du système climatique.
Le dernier point international sur le réchauffement date de septembre 2013,
quand le Groupe d'experts sur l'évolution du climat (Giec), mandaté par l'ONU,
a rendu publique une partie de son dernier rapport.
Férus de termes mesurés, adeptes de la périphrase prudente, ces experts ont
quand même convenu qu'il était "virtuellement certain que la surface supérieure
de l'océan s'est réchauffée de 1971 à 2010 ".
La température des mers augmente*
Les cyclones puisent leur énergie dans la température de la surface de la mer. Ces températures ont augmenté de 0,3 degré au
cours des 30 dernières années. Ce qui explique le lien que font les experts entre le réchauffement climatique et la multiplication de ce type de phénomènes. Mais ce n'est pas si simple puisque le réchauffement des mers n'est pas uniforme.
Des catastrophes naturelles "plus fréquentes, plus intenses" (Jean Jouzel)
"Ce dont nous avons peur, ce que nous craignons, c'est que dans le climat plus chaud vers lequel on va si rien n'est fait, les risques de cyclones plus intenses deviennent plus importants ", explique avec prudence le climatologue français Jean Jouzel. "Ce sont des évènements extrêmes qui sensibilisent le citoyen aux problèmes climatiques mais il faut bien se rendre compte que même en l'absence de réchauffement climatique nous aurions de telles catastrophes. Simplement elles risquent de se multiplier, d'être plus fréquentes, plus intenses".
Un climatologue danois Aslak Grinsted a lui fait des calculs de probabilité sans équivoque. Une année plus chaude a jusqu'à 7 fois plus de risques de voir déferler des ouragans comme Hayan qu'une année froide.
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