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Le protocole de Kyoto a été conclu en décembre 1997 et est entré en vigueur en février 2005

C'est pour actualiser et développer les mesures prises en 1997 dans la ville japonaise que se tient la réunion de Copenhague.Preuve de l'évolution des mentalités entre ces deux sommets, celui de Kyoto s'était tenu en présence des ministres de l'environnement, tandis que les chefs d'Etat seront à Copenhague.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
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Le sommet de Kyoto en 1997 (AFP)

C'est pour actualiser et développer les mesures prises en 1997 dans la ville japonaise que se tient la réunion de Copenhague.

Preuve de l'évolution des mentalités entre ces deux sommets, celui de Kyoto s'était tenu en présence des ministres de l'environnement, tandis que les chefs d'Etat seront à Copenhague.

Formellement, l'accord de Kyoto est un protocole additionnel à la convention de l'ONU sur les changements climatiques adoptée en 1992 à Rio.

Le protocole de Kyoto vise une réduction mondiale des émissions de six principaux gaz à effet de serre (GES), dont le CO2, d'au moins -5% en 2012 par rapport à 1990. Selon une étude publiée mi-novembre dans la revue Nature Geoscience, les émissions ont bondi de +41% par rapport à 1990 et celles liées à l'utilisation d'énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) ont bondi de 29% entre 2000 et 2008, malgré un léger ralentissement l'an dernier dû à la crise.

Mais la contrainte de réduction de Kyoto ne pèse que sur les 38 pays industrialisés (dont l'Union européenne) qui l'ont ratifié, au nom de leur responsabilité historique dû à leur développement précoce dès la fin du 18e siècle. Signé par le président Clinton, les sénateurs des Etats-Unis ont cependant refusé de ratifier le traité.

Ces pays (dits de l'Annexe 1) représentaient 46% des GES en 2004 (pour 20% de la population mondiale et 57% du PIB): ils se sont vu imposer des "objectifs différenciés" de -8% pour l'UE à +15,0% pour la Russie, -6% pour le Canada ou le Japon. Les pays émergents dont la Chine, devenue premier pollueur mondial (19% des émissions), ou l'Inde, sont exonérés au même titre que l'ensemble des pays en développement malgré leur croissance exceptionnelle.

La conférence de Copenhague doit garantir le renouvellement des engagements internationaux en enrôlant cette fois dans l'effort l'ensemble des grands pollueurs, soit au sein d'un protocole de Kyoto amendé, soit par un nouveau traité.

L'état des engagements actuels

sommetVoici un récapitulatif de l'état actuel des promesses faites par les Etats et des plans de réduction des émissions de GES, dans l'ordre chronologique de leur annonce depuis 2005:

- Janvier 2005: l'Union européenne lance ce qui reste à ce jour la plate-forme commerciale du carbone la plus importante au monde (EU ETS). Ce crédit-carbone n'a guère eu d'impact sur les émissions, durant sa première phase, de 2005 à 2007, l'UE ayant distribué trop de permis d'émissions, ce qui a provoqué un effondrement du prix du carbone.

- 16 février 2005: entrée en vigueur officielle du protocole de Kyoto, qui fixe des objectifs contraignants à 37 pays développés, à l'exception notable des Etats-Unis qui ne l'ont pas ratifié. Le protocole de Kyoto vient à expiration en 2012 et la communauté internationale s'est engagée à signer un nouveau traité à Copenhague ce mois-ci.

- Décembre 2005: sept Etats des Etats-Unis s'entendent sur une "Initiative régionale sur les gaz à effet de serre" (RGGI), le tout premier programme contraignant de rédution des émissions de C0² aux Etats-Unis. En 2007, le Massachusetts, Rhode Island et le Maryland rejoignent au sein de ce programme le Connecticut, le Delaware, le Maine, le New Hampshire, le New Jersey, le Vermont et l'Etat de New York, ce qui porte à dix le nombre d'Etats de l'est des Etats-Unis qui y participent.

- Janvier-février 2007: le Congrès de Californie adopte une loi sur la lutte contre le réchauffement climatique. Les gouverneurs d'Arizona, de Californie, du Nouveau-Mexique, de l'Oregon et de l'Etat de Washington conviennent de se fixer un objectif régional de réduction des émissions de GES. Ce projet, appelé Western Climate Initiative (WCI), est étendu par la suite à d'autres Etats des Etats-Unis ainsi qu'à certaines provinces du Canada, dans le cadre d'une plateforme commerciale régionale du carbone.

- 23 janvier 2008: l'UE s'engage à réduire ses émissions de GES d'au moins 20% en dessous de leur niveau de 1990, à l'horizon 2020.
- Octobre 2008: le Japon lance son propre marché du carbone, qui permet aux entreprises dépassant les objectifs d'émissions qu'elles s'étaient fixés d'acheter des permis de polluer. Les premiers crédits-carbone nippons sont accordés en juin 2009.

- 16 mars 2009: l'archipel des Maldives, dont l'existence même est menacée par une montée du niveau des mers, annonce qu'il va passer entièrement aux énergies renouvelables et devenir le premier pays "neutre en carbone". Novembre 2009: un groupe de pays en développement s'engage à adopter des technologies propres, afin d'aller vers des "économies vertes", sans pour autant s'engager à atteindre la "neutralité carbone", lors d'un sommet aux Maldives.

- 25 novembre 2009: la Maison blanche déclare que les Etats-Unis s'engageront à Copenhague à réduire à l'horizon 2020 leurs émissions de GES d'environ 17% par rapport à leur niveau de 2005, soit une diminution de 3% par rapport au niveau de 1990 qui a servi d'année de référence pour le protocole de Kyoto.

- 26 novembre 2009: la Chine s'engage à réduire son intensité carbone (le montant de dioxyde de carbone émis pour chaque point de PIB) de 40 à 45% d'ici 2020 par rapport au niveau de 2005. Cet objectif, précise Pékin, n'est pas contraignant.


- 2 décembre 2009: l'Inde dévoile un objectif de réduction de son intensité carbone de 24% en 2020 par rapport à son niveau de 2005.

-décembre 2009: la présidence danoise de la conférence de Copenhague propose de réduire de 50% d'ici 2050 les émissions de GES par rapport à l'année de référence 1990. Dans ce texte, qui selon le Danemark n'a pas valeur de proposition officielle, les pays riches devraient prendre en charge 80% des réductions d'émissions de GES d'ici le milieu du siècle.

Les précédents rendez-vous sur le climat

On peut sans doute dater de 1972 la première conférence internationale liée aux questions environnementales. Cette Conférence des Nations Unies sur l"Environnement Humain (CNUEH) s'est tenue à Stockholm (Suède). Elle a placé pour la première fois les questions écologiques au rang de préoccupations internationales. Les participants ont adopté une déclaration de 26 principes et un vaste plan d'action pour lutter contre la pollution, dont une délégation des victimes de la maladie de Minamata a été témoin.

Cette conférence s'est tenue alors que les questions environnementales surgissaient dans les préoccupations et dans l'actualité. C'est en effet à cette époque que le Club de Rome a publié un rapport intitulé « Halte à la croissance ? ».

Ce sommet a donné naissance au Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). C'est toujours à cette époque que rendez-vous a été pris tous les dix ans pour faire le point sur l'état de la Terre.

C'est d'ailleurs le PNUE (ainsi que le G20) qui a mis sur pied le GIEC (Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). Ce groupe "a pour mission d"évaluer, sans parti-pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d"ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au changement climatique d"origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d"éventuelles stratégies d"adaptation et d"atténuation. Il n"a pas pour mandat d"entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l"évolution des variables climatologiques ou d"autres paramètres pertinents. Ses évaluations sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est largement reconnue ».

Ce sont les travaux du GIEC, qui a obtenu le prix nobel de la paix en 2007, qui servent aujourd'hui de base aux travaux sur le climat.

Le premier vrai sommet de la Terre fut celui de Rio en 1992. Il fut suivi par celui de Johannesburg en 2002 appelé « Sommet mondial sur le développement durable » (SMDD). Ce sommet constituait une occasion pour le monde entier de faire le bilan et de compléter le programme lancé lors du Sommet de Rio ; il était axé autour du développement durable, le prochain se déroulera en 2012. La rencontre de Johannesburg visait donc à inciter les États à réitérer leur engagement politique en faveur du développement durable, ainsi qu'à favoriser le renforcement d'un partenariat entre le Nord et le Sud. L'événement a rassemblé une centaine de chefs d'État et quelque 40 000 délégués, ce qui en a fait la plus grande rencontre jamais organisée par les Nations Unies.

C'est lors de ce sommet que Jacques Chirac, président de la République, prononça son discours: " Notre Maison brûle". Une phrase toujours d'actualité ?

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