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Le goujon asiatique sème la terreur dans les rivières

Selon une étude d'un chercheur français de l'Institut de Recherche et développement (IRD) publiée récemment, le goujon asiatique, une espèce arrivée par hasard dans les rivières françaises dans les années 80, est à surveiller parce qu'elle pourrait décimer les carpes, les truites et même les saumons d'élevage.
Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Le goujon asiatique mesure de 7 à 10 cm © IRD - Rodolphe Gozlan)

Selon le scientifique de l'IRD, Rodolphe Golzan, il faut agir vite parce que le goujon asiatique se reproduit beaucoup - jusqu'à trois fois par an - et il s'adapte très bien aux eaux chaudes comme aux eaux fraiches, à l'eau douce comme à l'eau salée. Et comme  beaucoup d'espèces invasives, il est arrivé par hasard grâce à la mondialisation dans les années 80 parmi un lot de carpes chinoises destinées à une ferme d'élevage.

 

Ce petit poisson de 10 cm de couleur olive appelé Pseudorasbora Parva n'est pas dangereux pour l'homme mais il est porteur d'un parasite qui peut décimer les populations d'autres poissons. Selon le chercheur, il aurait fait des ravages en Turquie sur certains élevages de bars qu'il aurait ainsi réduit à néant. Lorsqu'un poisson est tué par ce parasite puis se décompose dans l'eau, il transmet la maladie aux autres poissons. Ainsi, il n'en faut pas beaucoup pour impacter la production de poissons.

Rodolphe Golzan : "le goujon asiatique est largement plus menaçant pour les écosystèmes, pour la biodiversité, que d'autres espèces invasives. C'est le fait qu'il soit porteur sain d'une maladie qui va décimer des populations sur deux – trois ans."

 

La première fois qu'il a été repéré c'était dans la Sarthe mais, depuis, il se serait installé dans d'autres rivières françaises. L'Onema office national de l'eau et des milieux aquatiques vient de décider de se pencher sur son cas.

 

Bernard Breton, secrétaire général de la Fédération nationale de la Pêche en France et de la protection du milieu aquatique, créateur de la revue Le Pêcheur de France, connait l'existence de ce goujon. Si "les pêcheurs le connaissaient mal parce que l'on ne l'a pas souvent vu… On sait depuis 1980 qu'il est arrivé avec des lots de poissons qui venaient de l'Europe de l'Est ou centrale. Il est présent dans pas mal d'étangs. Mais, pour l'instant, on a tendance à l'éliminer. Ce que l'on ignorait, c'est qu'il était porteur d'un parasite assez méchant."

​Bernard Breton, secrétaire général de la Fédération Nationale de pêche : Le goujon asiatique "est problématique dans les piscicultures parce qu'il est très rapide, très vif et il mange beaucoup d'alevins."

Au-delà du goujon asiatique, ce sont une vingtaine d'espèces qui ont rejoint les douces françaises. "Les eaux douces en France sont un carrefour de la mondialisation," ajoute Bernard Breton. "Il y a 40 ans, il y avait 60 espèces de poissons. Aujourd'hui, on est à plus de 80. Beaucoup d'espèces arrivent de partout. Les derniers arrivés sont des gobies. Il sont arrivés en Moselle par le ballast des péniches en provenance de Roumanie."

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