Le débat sur la transition énergétique s'ouvre sous haute tension
Au menu de la mise en musique de la "transition énergétique " promise par François Hollande alors qu'il était candidat : le gaz de schiste,
le nucléaire, mais aussi les énergies renouvelables, les économies d'énergie. Tant
au niveau national que régional. Avec pour objectif l'anticipation des besoins
du pays, la réduction de sa dépendance aux énergies fossiles et au nucléaire, et
la réduction de la part de l'atome dans la production électrique de 75% à 50%.
Un dossier explosif
Le grand débat devrait déboucher sur une loi de programmation
en 2013, mais son calendrier est encore inconnu. Le débat devrait durer six
mois, mais semble déjà condamné à subir des accrochages violents : avant même
qu'il n'ait commencé, les passes d'armes récurrentes de ces derniers mois sur les
gaz de schiste ont montré à quel point le dossier énergétique était explosif.
Ceci expliquant notamment pourquoi le ministère de l'Ecologie a eu quelque peine à fixer
un cadre qui fasse consensus auprès de l'ensemble des acteurs du débat. Et ils
sont nombreux : Etat, collectivités, associations, patronat, syndicats,
parlementaires et chambres consulaires.
Le problème du choix des "sages "
Il y a eu, aussi, le problème de la composition d'un comité
de pilotage avec des "sages " chargés d'animer et de coordonner le
débat. Sitôt nommé, l'un de ses membres, l'ancien dirigeant du Commissariat à
l'énergie atomique (CEA), Pascal Colombani, renonçait déjà face aux critiques
de plusieurs ONG. Lesquelles contestaient la présence de deux personnalités
"étiquetées " nucléaire, ledit Colombani et l'ex-patronne du groupe
Areva, Anne Lauvergeon : malgré le départ de l'ex-dirigeant du CEA, ce
sont ensuite Greenpeace et Les Amis de la Terre qui décident de boycotter le
débat. L'affaire s'engageait déjà mal.
Apaiser, à tout prix
Pour tenter un apaisement, le ministère élargissait finalement
lundi le comité à six "sages ", en plus de la ministre de l'Ecologie
Delphine Batho, en désignant deux nouvelles personnalités : Michel Rollier,
ex-dirigeant du groupe Michelin, et Georges Mercadal, ancien vice-président de
la Commission nationale du débat public. Alain Grandjean, économiste promoteur
en France de la taxe carbone, présidant pour sa part un comité d'experts chargé
d'éclairer les débats.
Le coup d'envoi du débat devrait être donné par la première
réunion, jeudi, du Conseil national du débat, sorte de "parlement ", au
ministère de l'Ecologie qui sera le principal lieu d'échanges entre les sept
collèges. Une "phase
d'information " est censée aboutir d'ici à février à l'établissement de
différents scénarios énergétiques : selon la ministre de l'Ecologie, des
discussions seront alors organisées dans toute la France et en ligne pour les
citoyens.
Des enjeux économiques et climatiques
Les difficultés ont donc déjà pointé leur nez avant même que
ne s'initie le débat, mais les thématiques à traiter ne manqueront pas. Réitérée
lors de la conférence environnementale en septembre, il y a d'abord la volonté
gouvernementale de "rompre avec le tout nucléaire pour la production l'électricité,
avec le tout pétrole pour les transports ", les énergies fossiles (pétrole,
gaz, charbon) représentant les deux tiers de la consommation finale d'énergie
en France.
L'enjeu d'une moindre consommation est donc tant économique
(la facture énergétique a représenté l'an dernier 88% du déficit commercial
français) que climatique, puisqu'il s'agit de tenir l'objectif de diviser par 4
les émissions de gaz à effet de serre hexagonales d'ici à 2050. Puis, les
engagements de François Hollande. Parmi eux : faire passer la part du nucléaire
dans la production électrique de 75 à 50% en 2025, fermer la centrale de
Fessenheim et achever le réacteur EPR de Flamanville, soutenir les filières renouvelables
et accélérer la rénovation thermique des logements.
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