Lacq prêt à capter du CO2
L'expérience, prévue sur deux ans, prévoit l'enfouissement de quelque 150.000 tonnes de CO2 à 4.500 m de profondeur, dans un champ gazier épuisé. Une goutte d'eau dans l'océan des 50 milliards de tonnes de CO2 émis chaque année dans l'atmosphère, mais une technique qui pourrait "neutraliser" à terme 675 à 900 milliards de tonnes de C02, selon les experts.
Une première phase du projet, d'ores et déjà opérationnelle à Lacq, celle du "captage" du CO2, concerne le dioxyde de carbone émis par l'une des cinq immenses chaudières utilisées pour la production et le traitement du gaz naturel extrait sur ce bassin. Au cœur du complexe gazier traditionnel et son écheveau de tubulures, surmonté de hautes cheminées qui crachent le feu - et le CO2 - dans l'atmosphère, de nouvelles unités rutilantes ont commencé à piéger le gaz carbonique par "oxycombustion" des fumées émises.
Le CO2 ainsi récupéré, concentré à plus de 90%, est compressé avant d'être transporté par pipeline à 27 km de là, vers le site de Rousse à Jurançon, tout proche de Pau, où il sera enfoui dans un ancien puits d'extraction de gaz de Lacq. Le pipeline utilisé est celui-là même qui a servi dans l'autre sens, pendant 30 ans, à acheminer le gaz extrait à Rousse vers l'usine de Lacq. Interrogé sur la sécurité du procédé, le responsable de la communication, Thomas Julia, se veut rassurant: "Toutes les précautions ont été prises pour écarter les risques, et des opérations d'information et de suivi sont conduites régulièrement, après inventaire des écosystèmes et identification des espèces animales et végétales du site".
Un résident de Jurançon, médecin à Pau, indique avoir reçu "de nombreuses lettres de Total, visant à nous rassurer, mais qui ont fini plutôt par nous inquiéter en raison de leur insistance". Plusieurs associations de riverains et de défense de l'environnement, hostiles au projet demandent au ministère de l'Ecologie "de ne pas cautionner cette initiative", selon elles "dangereuse et inutile" . Pour elles, ce projet constitue un "risque pour les riverains", alors que dioxyde de carbone (CO2) "mortel à 5% de concentration dans l'air est absolument indétectable et inodore".
Or, accusent-elles, "Total n'a pas réussi à identifier des bio-indicateurs qui pourraient révéler une fuite de ce gaz stocké. L'exercice de sécurité organisé en novembre a été un fiasco total. Et les sondes sismiques de fond du puits, sensées avertir en cas de mouvements de terrain, sont aujourd'hui hors service, avant même le démarrage de l'injection".
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