La guerre du thon rouge reprend
La France est le plus gros prédateur de thon rouge. Elle détient 20% du quota. C’est dire le poids qu’elle détient dans cette commission, l’ICCAT. Le ministère de l’Agriculture entend défendre ses pêcheurs et veut maintenir le quota à 13.500 tonnes comme l’an passé. Une folie pour les associations environnementales qui demandent un moratoire, ou au moins une division par deux des quotas pour permettre au stock de se reconstituer.
Les pêcheurs comme les ONG se basent sur le rapport du comité scientifique. Mais chacun choisit de mettre en avant l'argument qui l’arrange. Les pêcheurs disent qu’ils ont fait des efforts : ne plus pêcher de thon trop jeune et que le stock est en train de se reconstituer. Les ONG soulignent qu’avec de tels quotas, l’espèce n’a qu’une chance sur deux de survivre.
Mais aujourd’hui les modélisations scientifiques sont contestées, tout comme les chiffres sur lesquels elles se basent. Plusieurs affaires de pêches illégales ont éclaté notamment en France. Les poissons ne sortent jamais de l’eau entre leur capture et les fermes d’engraissement, il est donc difficile de les compter réellement.
Les ONG ont déjà échoué à la CITES à Doha en mars dernier pour faire interdire le commerce international de thon rouge. Elles comptent maintenant sur l’ICCAT pour prendre des mesures de conservation mais elles sont lucides sur leurs chances. Si les quotas étaient divisés par deux, la pêche à la senne (c'est-à-dire avec ces larges filets) ne serait plus rentable. Elles espèrent diviser la profession des pêcheurs entre les 80 bateaux de pêches côtières et les 11 thoniers senneurs de Méditerranée qui restent. Les pêcheurs démotivés sont de plus en plus nombreux à choisir de se reconvertir. Ils étaient 32 thoniers senneurs, il y a trois ans.
Anne-Laure Barral
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