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L'Union européenne veut bannir le chalutage de fond dans les aires marines protégées d'ici à 2030

Selon un plan présenté mardi par l'exécutif européen, une feuille de route pour y parvenir devra être mise en place par chaque Etat membre d'ici mars 2024.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Trois pêcheurs travaillent au large de Sète (Hérault), le 18 mars 2021. (MAXIME GRUSS / HANS LUCAS / AFP)

"Verdir" le secteur de la pêche. C'est l'objectif fixé par la Commission européenne, en interdisant, d'ici à 2030, le chalutage de fond dans les aires marines protégées, via un plan d'action présenté mardi 21 février. Décrié par les professionnels, il est jugé trop timide par les ONG écologistes. Selon ce plan, les Etats membres devront adopter des mesures pour "éliminer progressivement" cette pêche controversée dans les aires maritimes protégées (12% des eaux européennes), quelle que soit leur profondeur. Chaque pays devra établir une feuille de route dans ce sens d'ici mars 2024.

L'Union européenne interdit déjà depuis 2016 le chalutage en dessous de 800 m, pour aider à restaurer les écosystèmes vulnérables des fonds marins, dotés d'une riche biodiversité. La pratique est aussi bannie depuis septembre sous 400 m dans une petite partie de l'Atlantique nord-est. Mais l'usage d'engins de fond mobiles (chaluts, dragues, filets maillants, palangres, casiers...) "reste très répandu", notamment dans 80% à 90% des zones exploitables de l'Atlantique nord-est, "dans de nombreux sites (...) et autres zones protégées", déplore l'exécutif européen. De quoi, selon lui, compromettre les objectifs des Vingt-Sept pour le climat et la biodiversité. 

Un plan "trop lent" pour les associations écologistes

Bruxelles dénonce une pêche très gourmande en carburant et forte émettrice de CO2, qui, en raclant les fonds, détruit des écosystèmes constituant eux-mêmes des puits de carbone, fragilise les populations de poissons qui s'y abritent et s'y reproduisent, et favorise des prises accidentelles "disproportionnées" faute de sélectivité.

L'Alliance européenne pour la pêche de fond (EBFA), qui représente 20 000 pêcheurs de 14 pays, juge que l'interdiction du chalutage dans les aires protégées mettra "en danger 7 000 navires" correspondant à "25% des volumes débarqués dans l'UE et à 38% des revenus totaux de la flotte européenne". Cette mesure est "injustifiée" car "certaines aires protégées ont été définies pour préserver des oiseaux et tortues", sans lien avec les fonds marins, insiste son président, Ivan Lopez.

"C'est trop peu, trop lent (...) loin du calendrier urgent qu'il faudrait", s'insurge à l'inverse Rebecca Hubbard, de la coalition d'ONG écologistes Our Fish. L'UE tolérera de facto le chalutage de fond encore sept ans dans les aires protégées et après 2030 en-dehors, abonde l'ONG Oceana, dénonçant "le décalage marqué entre le constat et la faiblesse des actions proposées".

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