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Gravats, radiateurs, plaques d’amiante : une "mer de déchets" dans les Yvelines provoque la colère des riverains

Publié
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France

Cette décharge illégale se trouve à Carrières-sous-Poissy (Yvelines). Des riverains "dégoûtés" ont lancé une pétition et veulent porter plainte contre X et contre l'État.

En quelques mois, 330 hectares d'anciennes terres maraîchères ont laissé place à "une mer de déchets", comme le décrit Alban Bernard. Cet habitant de Carrières-sous-Poissy (Yvelines) a découvert juste derrière chez lui cette décharge à ciel ouvert en promenant son chien il y a trois mois. 8 000 tonnes de déchets recouvrent cette plaine de la commune. "Il y a des gravats de béton, des plaques de plâtre, des radiateurs. Il y a même des plaques d’amiante, s’insurge-t-il. C’est hallucinant de voir ça !"

Depuis il a lancé un site internet, une pétition, et remue ciel et terre pour faire nettoyer les dégâts. Avec d’autres riverains, il envisage de porter plainte contre X et contre l'État."Ça ne devrait pas être là mais plutôt à l’usine d’incinération Azalys qui se trouve juste derrière nous, à 100 mètres. Pourquoi a-t-on laissé faire ? Pourquoi n’a-t-on pas bloqué les allées ? Je ne sais plus quoi dire tellement je suis dégoûté de voir ça."

"Au début c’était des arbres fruitiers"

Un autre riverain Bruno Piva se souvient qu'il y a une vingtaine d'années cette plaine était cultivée. Sa famille possède d'anciennes parcelles maraîchères sur ces terrains. "Au début, c’était des arbres fruitiers comme des poiriers, des pommiers, des cerisiers… Il y avait aussi des salades, des poireaux, du thym, explique-t-il. Les engrais étaient les eaux usées de Paris. Ça devait les arranger, les Parisiens. Et on nous dit que c’est ça qui a pollué les terres." Cette plaine est tellement polluée au plomb que la préfecture a interdit la culture et la vente des légumes de la plaine au début des années 2000.

Par la suite, différents camps de Roms ont alimenté un trafic de déchets de chantier. Le maire de Carrières-sous-Poissy, Christophe Delrieu, admet que leur évacuation a pris du temps.

Pour démanteler des camps illicites, héberger 400 personnes, il a fallu beaucoup de réunions. Mais c’est ça la République ! C’est être humain et s’occuper du monde.

Christophe Delrieu, le maire de Carrières-sous-Poissy

à franceinfo

Selon l'élu, la situation est désormais sous contrôle. Il faut maintenant trier les déchets et surtout trouver qui va payer la facture de nettoyage estimée à au moins un million d'euros.

"Il y a deux interpellations qui se sont faites sur le site, raconte Anthony Effroy, conseiller municipal d'opposition et président de l'association rives de Seine nature environnement (RSNE). À chaque fois, il s’agissait d’entreprises et pas des Roms. Si une entreprise fait des travaux chez un particulier, facture ces déchets et ensuite va les décharger dans un espace naturel, sa responsabilité pénale est évidemment engagée."

Aujourd'hui, RSNE a lancé deux procédures devant la justice : la première au pénal et la seconde administrative contre l'État qui aurait dû intervenir plus tôt, selon l’association. Elle propose aussi de clôturer le site et de rendre gratuites les déchèteries pour les artisans afin que les dépôts sauvages ne se reproduisent pas ailleurs.

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