Fonds marins : des chercheurs dénichent des bactéries capables de combattre certaines maladies
Des chercheurs de l'Institut français de la mer s'intéressent aux propriétés bénéfiques de certaines bactéries des fonds marins.
L'océan renferme plus d'un million d'espèces connues et encore beaucoup d'inconnues. Pour l'Ifremer (Institut français de la mer), grâce à cette recherche, la médecine de demain sera bleue. Plusieurs de leurs chercheurs travaillent sur les propriétés de certains mollusques et de certaines bactéries trouvées dans les fonds marins.
Des prélèvements jusqu'à 6 000 mètres de profondeur
Encore faut-il pouvoir les atteindre. "Si on veut accéder à l'océan profond, il faut des engins, ça peut être un sous-marin habité ou des robots télé-opérés depuis la surface", explique François Houiller, le président de l'Ifremer. "Ces engins permettent, avec les instruments dont nous disposons à l'Ifremer et en France, d'aller faire des prélèvements jusqu'à 6 000 mètres de profondeur."
C'est en allant au plus près des sources hydrothermales du Pacifique que l'Ifremer s'est penché sur une bactérie incroyable capable de supporter des différences de température et d'acidité de l'eau très variées. "Par exemple, nous avons une bactérie des grands fonds dans laquelle on arrive à extraire un polysaccharide, ajoute François Houiller, c'est à dire un sucre complexe qui a des propriétés intéressantes notamment pour la régénération des cartilages." Une bactérie qui pourrait donc réparer les tissus et lutter contre les métastases.
De bonnes bactéries pour se débarrasser des mauvaises
Charlotte Corporeau, chercheuse à l'Ifremer à Brest, s'intéresse plutôt au fonctionnement des huîtres afin de lutter contre le développement des cellules cancéreuses. "Ce qu'on recherche dans ce protocole et dans ce projet, c'est où et quand l'huître arrive à activer ou désactiver ce mécanisme qu'on reconnaît dans les cellules cancéreuses", analyse la chercheuse.
Notre système marin est fait d'un tel microbiote qu'aujourd'hui, en faisant appel aux bonnes bactéries, on pourrait aussi se débarrasser des mauvaises comme la listeria qui, en contaminant nos aliments, touchent près de 300 personnes par an en France. "On s'est rendu compte qu'en pulvérisant des bactéries qui ne sont pas pathogènes sur des aliments, par exemple des aliments marins, explique François Houiller, on était capable de modifier le cortège microbien et d'éviter que cette bactérie pathogène s'installe."
Les potentiels de recherches pour améliorer notre santé ne manquent pas dans l'océan. Aujourd'hui, sur les 180 000 espèces marines bien répertoriées, seulement 5% d'entre elles font l'objet d'une étude pour la médecine.
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