Deux fois plus de déchets, un arbre abattu toutes les deux secondes… Zero Waste France dénonce l'impact de la "fast déco" sur l'environnement

L'engouement pour la déco intérieure, boosté par les confinements, n'a pas pas profité à la filière française de l'ameublement. Elle a perdu un quart de ses effectifs en 15 ans.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des modèles de chaises présentés par Ikea, n°1 du mobilier et de la décoration en France. (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Après la "fast fashion", voici la "fast déco". Dans un rapport publié mardi 14 mai et que franceinfo a pu consulter, l'association Zero Waste France révèle qu'il y a eu deux fois plus de déchets d'ameublement entre 2014 et 2020 et toujours plus d'achats. 

Les ventes ont explosé entre 2017 et 2022, boostées par les confinements : en effet, le nombre de meubles et d'objets de décoration mis sur le marché a presque doublé. De 270 millions d'unités, on est passé à plus de 500 millions, soit 17 éléments par foyer et par an, selon ce rapport.

Un arbre débité toutes les deux secondes, selon les estimations

Les Français ont voulu refaire leur cuisine, s'offrir des meubles de jardin, décorer leur intérieur à grand renfort de bougies, coussins, bibelots ayant une durée d'utilisation parfois courte. Même pour des meubles en bois, qui autrefois étaient l'achat d'une vie, aujourd'hui ils sont renouvelés tous les 15 ou 20 ans. Pour ce faire, on estime que le Suédois Ikea débite un arbre toutes les 2 secondes. 

Pour Pauline Debrabandere, coordinatrice de campagne chez Zero Waste France, "ces tendances sont aussi renforcées par les réseaux sociaux parce qu'on montre son intérieur, on le voit, on le scénarise parfois aussi, on le personnalise de plus en plus, on le modifie et donc on consomme des objets de décoration et d'ameublement". Elle rappelle que "si ce n'est pas cher, c'est qu'il y a un autre problème quelque part, à l'autre bout de la chaîne et plutôt au niveau de la production". Pauline Debrabandere affirme que les effets sont "environnementaux et sociaux".

"Quand le coût pour les consommateurs n'est pas très cher, ça veut dire qu'il y a un coût social au niveau de la production."

Pauline Debrabandere, coordinatrice de campagne chez Zero Waste France

à franceinfo

Elle donne l'exemple du bois : "La production de bois se fait au détriment de certaines forêts primaires où on fait des coupes rases". Des pratiques dénoncées par Zero Waste France.

De son côté Maisons du monde, toujours selon le rapport, propose 3 000 nouvelles références par an. Les géants de la "fast fashion", Zara, H&M ont étoffé leurs offres déco concurrencés de nos jours par les sites chinois Temu et Shein. Cependant, la filière française de l'ameublement ne profite pas de cet engouement : en 15 ans, elle a perdu un quart de ses emplois.

Pauline Debrabandere explique que l'association veut demander [au gouvernement] d'encadrer la "fast-déco", comme la "fast-fashion" : "Il faut encadrer cette filière et ses pratiques pour limiter le nombre de produits commercialisés par an. Ce n'est pas soutenable". Elle propose donc un système de "bonus-malus avec des malus sur des produits qui sont fabriqués dans des conditions mauvaises".

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