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Environnement : poussiéreuse Dunkerque

Sur le littoral dunkerquois, dans le Nord, cohabitent 14 usines Seveso, une centrale nucléaire, des hauts-fourneaux et plus de 100.000 habitants. Le choix entre environnement et emploi est difficile dans une zone fortement touchée par le chômage...
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le spectacle est édifiant : entre Dunkerque et la côte de Calais, sur une bande de 20 kilomètres du littoral de la mer du Nord, c'est une suite ininterrompue d'usines, de cheminées crachant poussières et fumées noires. A l'ouest, Gravelines, la plus importante centrale nucléaire d'Europe. A l'extrémité est, le premier port industriel de France, celui de Dunkerque. Entre les deux, plusieurs communes et 14 sites classés Seveso (qui présentent des risques sérieux pour la santé et l'environnement) : raffineries, terminal gazier, usines chimiques, hauts fourneaux. Depuis le début des années 60 et l'implantation de l'acierie Usinor, les usines se sont installées ici à un rythme vertigineux. Aujourd'hui, ces entreprises emploient plus de 50% de la population... mais à quel prix ? Depuis quelques années, des pathologies liées au travail dans ces usines se déclarent. Elles vont des rhinites et bronchites chroniques à des affections liées à l'amiante...

Au delà des travailleurs, il y a les habitants : plus de 100.000 personnes vivent à proximité directe des usines et en subissent les effets directs : odeurs difficilement soutenables, rejets toxiques... La région détient deux tristes record : Dunkerque représente la moitié des rejets de poussières du Nord-Pas-de-Calais et c'est le champion toutes catégories pour les cancers des voies aéro-digestives supérieures.

Pourtant, les Dunkerquois continuent à travailler et à habiter là, comme des gaulois encerclés par les légions romaines. Une forme de fatalisme qui s'explique par l'autre record détenu par la région : son taux de chômage de 12%, bien supérieur à la moyenne nationale. Dans certaines communes, comme Saint-Pol-sur-Mer, ce chiffre décolle même à 30%. La main d'oeuvre peu qualifiée n'a pas le choix : il faut bien travailler pour vivre. Même si cela implique une mort lente...

_ Anne Jocteur Monrozier

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