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Environnement : "Notre catamaran de collecte et de traitement des déchets ira dès 2024 dépolluer les océans", annonce le navigateur Yvan Bourgnon

"On a une vraie usine embarquée à l'intérieur du bateau et ça, c'est vraiment la nouveauté", se réjouit sur franceinfo le navigateur et président de l'association The SeaCleaners.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Yvan Bourgnon lors de la présentation à Paris du nouveau modèle de son bateau, le Manta, le 26 janvier 2021. (YOAN VALAT / MAXPPP)

Le navigateur et président de l'association The SeaCleaners Yvan Bourgnon a annoncé mardi 26 janvier sur franceinfo qu'un catamaran géant "autonome à 75% au niveau énergetique ira dépolluer les océans dès 2024" et a appelé à aller au-delà "de sensibilisation, pas suffisante pour pouvoir éradiquer le problème" de la pollution des mers.

franceinfo : Dans quelle mesure votre navire est-il censé nettoyer les océans ?

Yvan Bourgnon : Le concept existe déjà depuis 2016, mais on est heureux d'annoncer aujourd'hui qu'on arrive au bout des 20 000 heures d'études, et qu'on est sûr de pouvoir réaliser ce catamaran géant qui ira dès 2024 dépolluer les océans. On avait des certitudes techniques et aujourd'hui, plus les années avancent, plus on arrive à conforter le projet. Et ce qui est formidable depuis deux ans, c'est qu'on a réussi non seulement à fabriquer un bateau qui est autonome au niveau énergétique à 75%, mais surtout, il arrive à traiter les déchets. On a une vraie usine embarquée à l'intérieur du bateau et ça, c'est vraiment la nouveauté, avant d'annoncer effectivement la fabrication de ce bateau qui va démarrer en 2022. Ce navire, c'est un géant des mers. Son moyen de propulsion est la voile principalement, c'est ce qui rend le projet assez vertueux. Le bateau mesure 56 mètres de long, a une capacité de collecte de 46 mètres de large, avec notamment l'aide de tapis roulants qui font remonter les déchets du bateau et des filets à l'extérieur de bateaux qui captent aussi les plastiques. On a une capacité de collecte de 5 à 10 000 tonnes de plastiques par an, soit environ une à trois tonnes par heure. C'est considérable, on arrive déjà à éliminer une bonne partie de la pollution avec quelques centaines de bateaux comme celui-ci.

C'est considérable, mais la pollution aux plastiques, cela représente des dizaines de millions de tonnes par an ?

Des détracteurs vous diront que c'est un puits sans fond et que la pollution va augmenter dans les prochaines années. Mais ce qui est sûr, c'est que les travaux qu'on fait de sensibilisation, d'actions sur le terrain ne sont pas suffisants pour pouvoir éradiquer le problème. Au contraire, en 2060, il y aura trois fois plus de plastiques dans les océans. On parle de 30 millions de tonnes de plastiques dans l'océan.

"Rester les bras croisés aujourd'hui en disant que ça coûte moins cher de faire de la sensibilisation plutôt que de la collecte, ce n'est pas suffisant."

Yvan Bourgnon, président de l'association The SeaCleaners

à franceinfo

C'est comme si aujourd'hui on disait qu'on arrête de trier, on arrête les camions poubelles, on arrête la collecte des déchets sur terre, on va éduquer les gens, et ils vont manger du compostable, ils vont arrêter de consommer du plastique, c'est une hérésie. Il faut agir sur terre et sur mer. Et de voir des gens encore aujourd'hui, qui renient ça, qui restent les bras croisés, qui laissent cette pollution aller dans les océans, c'est irresponsable. Il faut trouver des solutions pour ça.

Votre bateau sera mis à l'eau en 2024, où sera-t-il construit et avez-vous besoin de financement ?

On a réalisé un tiers du chemin pour financer 30 millions que va coûter le premier catamaran. On a un deuxième tiers du chemin à faire avant le début de la construction, dans les deux prochaines années. Donc, c'est vrai qu'on appelle toutes les grandes entreprises et même les petites à se joindre à nous, il y a déjà 50 mécènes qui nous ont fait confiance alors que le projet n'était pas certain. On a une construction qui va se passer en Europe, certainement une coque en acier qui va se faire plutôt en Pologne ou en Turquie. Et on fait tout pour que toute l'intégration des technologies des énergies renouvelables se fasse en France. On est notamment en contact avec les chantiers de l'Atlantique. De toute façon, c'est un projet cocorico : toutes les études ont été menées en France. On a aujourd'hui 20 partenaires techniques, dont deux grandes écoles comme l'École Navale de Brest et Centrale Nantes, qui se sont impliquées dans le projet. On a vraiment réussi à utiliser toutes les technologies française et suisse pour pouvoir amener ce projet au bout.

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