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Des algues à la place du pétrole : "des produits de plus en plus sains"

Du plastique à base d'algues et non plus de pétrole, ou encore de la peinture aux algues : en Bretagne, des entreprises innovent grâce à une production locale, plus saine pour l'environnement.
Article rédigé par franceinfo
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  (La peinture à base d’algues est bien meilleure pour la qualité de l’air © Radio France | Anne-Laure Barral)

Sur le chantier du nouveau siège de la chambre syndicale des experts comptables dans la banlieue de Rennes, Pascal vient de finir de peindre les murs à base d’une peinture appelée "Algo ". Elle est fabriquée à base d’algue et de résine de colza. "Elle s’applique normalement, on n’a pas de difficultés par rapport à d’autres peintures. Ça ne sent pas l’algue. On travaille avec des produits de plus en plus sains ", explique Pascal.  

Des algues à la place du pétrole : "des produits de plus en plus sains". Le reportage d'Anne-Laure Barral

Peinture à l'algue : moins d'allergies et de problèmes respiratoires

C’est la société Félor, basée à Vern-sur-Seiche, juste à côté de Rennes, qui est à l’origine de cette peinture. 'Il faut penser à la fin des énergies fossiles ', estime le patron Lionel Bouillon. "Notre produit ne "relargue" quasiment aucun composé organique volatile, en tous cas moins d’un 1g par litre ; les peintures classiques du marché, elles, vont nécessiter de ventiler à outrance vos pièces ", poursuit le chef d’entreprise. C’est trois fois moins que les meilleurs taux pour la qualité de l’air. Face aux allergies et aux problèmes respiratoires liés à l’air intérieur, la société utilise un argument de santé publique, de plus en plus prisé. "Nous avons même fait les peintures de la prison de Rennes, parce qu’ils ne peuvent pas évacuer tous les prisonniers pendant les travau x", explique Lionel Bouillon - impossible, forcément, d'ouvrir grand les fenêtres pour aérer le temps des travaux.

  (La peinture à base d’algue est bien meilleure pour la qualité de l’air © Radio France |Anne-Laure Barral)

Mettre fin à la pollution plastique

Les algues sont cultivées en Bretagne, notamment dans le bassin de la Rance, depuis des générations. La famille de Rémy Lucas le faisait déjà, il y a plus de 40 ans. Cet entrepreneur engagé à la tête de la société Algopack basé à Saint Malo, vient de réaliser une première mondiale cette année : une poudre à base d’algue, qui peut remplacer le plastique des branches de lunettes, des jouets, ou encore des intérieurs de voitures."Pas besoin de remplacer les presses des outils de production. En plus, nous utilisons des déchets d’algue dont l’industrie cosmétique par exemple n’a pas besoin et au lieu de les jeter nous les valorisons ", explique Rémy Lucas.

  (Une première mondiale : du plastique à base d'algues (poudre noire)  pour remplacer le plastique pétrole (billes blanches) © Radio France | Anne-Laure Barral)

Cette production est utile pour le climat, car quand elles poussent, ces algues captent du CO2  : 960 kg/tonne, par le biais de la  photosynthèse. D’autre part, en fin de vie, le produit se dégrade et apporte un engrais naturel. "Remplacer les sacs plastiques est un devoir plus qu’une ambition pour moi",  estime Rémy Lucas. "Il n’y a rien de plus triste que de voir un animal marin s’étouffer sur un sac plastique."  Pour lui, face à la pollution plastique, le monde n’a plus le choix. 

Dès la rentrée la société Algopack va lancer des clés USB, où le plastique pétrole sera remplacé par ce nouveau matériau. Le concept séduit, mais surtout à l’étranger : la société est contactée par de nombreux clients très intéressés par son innovation, et son patron regrette qu’en France la demande soit plus timide. Il attend beaucoup de la conférence climat à Paris, où il ira présenter ses produits et peut-être trouver les investisseurs qui lui permettront de rester en Bretagne près de Saint-Malo, où poussent ses algues.

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