Déchets chimiques : un bras de fer administratif en complique la collecte et le traitement
Ces déchets dangereux ne sont plus collectés par l'unique organisme chargé de les gérer, alors que le consommateur paie une contribution pour ne pas les garder chez lui.
Quand vous achetez un pot de peinture ou de l’eau de javel, vous payez une éco-contribution de quelques centimes d’euros sur le produit. Cette part servait depuis six ans à financer la collecte et le traitement de ces déchets dangereux, pour soi et pour l’environnement. Mais depuis un mois et demi, l’éco-organisme chargé de cette collecte, EcoDDS, ne les récupère plus.
Un imbroglio qui coûte cher
Les collectivités prennent sur l’argent des contribuables le financement des prestataires pour qu’ils s’occupent de ces produits dangereux. "C’est un vrai problème puisque les habitants continuent eux de payer l’éco-contribution sur les produits et que nous, on avance les frais de collecte sur notre budget. Nous en sommes à une avance de 15 000 euros pour le mois de janvier", explique Patrice Furé, directeur de cabinet du Syctom, l’agence métropolitaine de déchets ménagers en Ile-de-France. En cause, un bras-de-fer avec le ministère de la Transition écologique qui voulait renforcer les obligations de l’éco-organisme à l’occasion de son renouvellement d'agrément en fin d’année. Faute de réponse dans les délais et d’un dossier complet, le ministère ne lui a pas donné son feu vert. Du coup, EcoDDS a suspendu la prise en charge de la collecte. Derrière cette organisation, à l'arrêt pour l'instant, il y a quelque 48 entreprises comme des fabricants de peinture, mais aussi des distributeurs, enseignes de bricolage et d'hypermarchés.
"Quand on veut faire preuve de mauvaise foi, on trouve tous les arguments et EcoDDS l’a été particulierement", tempête Brune Poirson, la secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique, en bisbille avec l’éco-organisme depuis fin décembre. Elle attend sur son bureau une nouvelle demande d’EcoDDS sur son bureau, lundi 11 février. De son côté, l’éco-organisme dit son dossier prêt et s’engage à rembourser les collectivités, s’il obtient son agrément avant la fin de la semaine.
Une mission jugée perfectible en haut lieu
Concrètement dans les déchetteries, les vieux aérosols, les bidons de pesticides ou batteries de voiture sont toujours acceptés, mais les collectivités ont dû financer le travail des prestataires que l’éco-organisme payait précédemment pour collecter et traiter ces déchets. "La première semaine, c’était un peu compliqué pour certains qui nous disaient 'ça déborde, je ne peux pas tout stocker', mais 95 % des sites ont assuré le service public", explique Nicolas Garnier de l’association Amorce, qui regroupe 4 000 déchetteries en France.
On attend donc de voir combien de temps la crise va durer entre l’éco-organisme et Brune Poirson. La secrétaire d’État à la Transition écologique estime que les éco-organismes doivent faire plus pour améliorer leur taux de collecte. Il n’est aujourd’hui que d’un tiers pour nos déchets dangereux. D'ailleurs, certaines zones du territoire français ne le font toujours pas. Et surtout, les particuliers ne peuvent toujours pas rapporter en magasin leurs vieux pots de peinture ou pesticides, comme cela se fait pourtant pour les déchets électriques et électroniques.
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