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Daniel Cohn Bendit et Nicolas Hulot ont réclamé chacun de leur côté dimanche un référendum sur le nucléaire en France

Le député européen Daniel Cohn Bendit a plaidé de nouveau lundi sur Europe 1 pour "un grand débat" lancé par la gauche et pour "un référendum sur la sortie du nucléaire.""Les Japonais eux-mêmes parlent de catastrophe. Personne ne sait exactement comment cela va se terminer", a souligné la secrétaire nationale d'EELV Cécile Duflot sur France 2.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Daniel Cohn-Bendit prononce un discours lors de la réunion nationale des écologistes, le 13 novembre 2010, à Lyon. (AFP - Philippe Desmazes)

Le député européen Daniel Cohn Bendit a plaidé de nouveau lundi sur Europe 1 pour "un grand débat" lancé par la gauche et pour "un référendum sur la sortie du nucléaire."

"Les Japonais eux-mêmes parlent de catastrophe. Personne ne sait exactement comment cela va se terminer", a souligné la secrétaire nationale d'EELV Cécile Duflot sur France 2.


Hulot pour un débat national et un référendum

L'écologiste a déclaré dimanche sur RTL que "le nucléaire doit faire l'objet, à minima, d'un débat national, d'un référendum" en France.

"On ne peut pas remettre le sort de l'humanité dans une vulgaire et tragique roulette russe", a ajouté celui qui réfléchit à une candidature à la présidentielle de 2012.

"On voit bien que quand il y a une paille dans le système, on est complètement dépassé par les événements. Il faut sortir de cette arrogance, de penser toujours que la technologie, le génie humain peut tout", a ajouté Nicolas Hulot. "Le nucléaire, en l'état, ne peut pas être la réponse à nos besoins énergétiques".

Alors que le monde a les yeux rivés sur la centrale japonaise de Fukushima, endommagée par le séisme, les anti-nucléaires multiplient communiqués et interventions pour expliquer que preuve est faite qu'il faut en finir avec l'atome, qui attire pourtant de plus en plus de pays.

Le Nucléaire civil se portait bien jusqu'ici
Avant le séisme japonais, le nucléaire civil se portait plutôt bien dans le monde sur fond de cherté du pétrole. Il avait subi un coup d'arrêt après les catastrophes de Three Miles Island (Etats-Unis) en 1979 (incident classé 5 sur une échelle de 7), et Tchernobyl (URSS) en 1986 (niveau 7).

Le nucléaire a un atout majeur pour convaincre: c'est une énergie qui émet très peu de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre à l'origine du changement climatique.

¨Particulièrement prisé des grands pays émergents, comme la Chine ou l'Inde, le nucléaire civil a aussi retrouvé les faveurs de certains dirigeants en Europe.

Aujourd'hui, il y a environ 440 réacteurs répartis dans une trentaine de pays, principalement les Etats-Unis, la France et le Japon, qui fournissent environ 15% de l'électricité mondiale. Fin 2009, une soixantaine d'autres étaient en construction.

Deuxième plus gros pays producteur d'énergie nucléaire au monde après les Etats-Unis, la France compte 58 réacteurs en activité. Cette énergie couvre près de 80% des besoins en électricité de la France .

Les anti-nucléaires français espèrent une prise de conscience
"Continuer le nucléaire avec ce que l'on sait, ça relève clairement de l'inconscience!", s'énerve Jean-Marie Brom, ingénieur atomique, membre du Réseau Sortir du Nucléaire.

"A Tchernobyl, on pouvait se cacher, même si c'est un mensonge, derrière le +ce n'est pas possible chez nous, les Russes ne savent pas de quoi ils parlent+, mais là, on ne peut plus le dire. Les Japonais sont aussi forts que nous en technologie", poursuit ce directeur de recherches au CNRS.

Le député vert Noël Mamère, qui "a l'impression que les autorités françaises n'ont pas tiré les leçons de Tchernobyl", a souhaité pour sa part un abandon du nucléaire organisé sur 25-30 ans.

Eva Joly, possible candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle de 2012, a dénoncé dimanche "l'omerta qui règne dans le secteur du nucléaire en France." Elle estimé sur i-Télé que l'accident survenu au Japon, pays jugé très compétent dans la gestion du risque nucléaire, fait qu'"aujourd'hui, on change de paradigme". "Il faut sortir du nucléaire. La France a du retard, nous sommes parmi les pays au monde qui avons le plus grand retard dans les énergies renouvelables", a-t-elle ajouté.

"Il faut fermer progressivement les réacteurs et ne pas en construire de nouveaux", insiste Greenpeace. "Malédiction de l'atome", renchérissent les Amis de la Terre.

"Ca fait un moment qu'on tirait la sonnette d'alarme, et on déplore qu'il faille en arriver là pour que les autorités puissent se poser des questions, et on n'est même pas sûr qu'elles le fassent", déclare Sofia Majnoni, de Greenpeace France.

Pour elle, la "catastrophe" en cours au Japon "va mettre un terme à 25 ans de discours sur la sécurité nucléaire, rodé, notamment par Areva", le groupe nucléaire français et géant mondial.

Dominique Voynet, ancienne ministre Verts de l'Environnement, a qualifié de "révoltante" la communication gouvernementale, estimant que ce qui se passe au Japon "peut très bien arriver en France".

Manifestations, notamment à Paris
De nombreuses manifestations spontanées ont eu lieu dimanche en France, et notamment à Paris, où quelque 300 personnes se sont rassemblées en solidarité avec le Japon à l'appel du Réseau Sortir du Nucléaire.

Ils ont allumé des bougies et déployé le long du mur qui se dresse face à la tour Eiffel une immense banderole sur laquelle on pouvait lire: "Le nucléaire tue l'avenir".

Plusieurs brandissaient des drapeaux portant le symbole nucléaire jaune et noir et d'autres un calicot sur lequel on pouvait lire: "Sortir de l'âge du nucléaire" ou "partager les ressources pour la justice et la paix".

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