Réchauffement climatique : un rapport pointe du doigt une inégale responsabilité selon les revenus
"Tous les individus contribuent aux émissions, mais pas de la même manière." C'est ce que montre le dernier rapport sur les inégalités climatiques publié lundi 30 janvier (en anglais) par le Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab). Concrètement, les 10% les plus riches de la planète contribuent à près de la moitié (48%) des émissions de gaz à effet de serre mondiales, tandis que la moitié la plus pauvre ne participe qu'à 12% de ces émissions. Si l'on ne prend en compte que les 1% les plus riches, ils sont responsables de près de 17% des émissions annuelles. Des différences de responsabilité qui sont au cœur des négociations internationales sur le climat.
Le rapport signale également que les inégalités ne se creusent pas uniquement entre les pays, mais au sein d'une même région. Ainsi pour l'Amérique du Nord, les 10% les plus riches émettent en moyenne 68,8 tonnes de CO2 par personne et par an, bien plus que les 50% les plus pauvres, qui sont à 10,4 tonnes. En Europe, l'écart est également conséquent : 29,4 tonnes pour les 10% les plus riches, 5 tonnes pour les 50% les plus pauvres.
Les moins responsables sont les plus vulnérables
"Les impacts climatiques ne sont pas également répartis dans le monde", notent également les auteurs du rapport. "En moyenne, les pays à revenus faibles et intermédiaires subissent des impacts plus importants que leurs homologues plus riches." Ainsi, 75% des pertes de revenus dues au changement climatique sont susceptibles de frapper la moitié la plus pauvre du monde. Les 10% les plus riches, eux, ne seront touchés que par 3% des pertes.
Le rapport montre enfin des inégalités dans les capacités financières à agir pour la lutte contre le changement climatique. Ainsi les plus riches détiennent 76% des capacités mondiales de financement, contre 2% pour la moitié la plus pauvre. Le document suggère donc des politiques fiscales qui "s'attaquent aux inégalités climatiques". Il évoque notamment une taxe "1,5% pour 1,5°C" pour les personnes gagnant plus de 100 millions de dollars par an. Cela pourrait rapporter 295 milliards par an, selon les auteurs.
"Il manque par exemple des milliards de dollars pour l'adaptation au changement climatique. Nous estimons que taxer l'extrême richesse, même à des taux faibles, permettrait de répondre en partie au problème", note Lucas Chancel, codirecteur du Laboratoire sur les inégalités mondiales, cité par La Croix (article payant).
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