Cet article date de plus de deux ans.

Réchauffement climatique : pourquoi il faut plafonner les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025 pour conserver un monde "vivable", selon le Giec

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des maisons endommagées par de violentes pluies et inondations, le 3 octobre 2020, à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes). (VALERY HACHE / AFP)

Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, il faut que les émissions de gaz à effet de serre "plafonnent avant 2025 au plus tard" pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, comme le prévoit l'accord de Paris.

C'est une phrase qui n'est pas passée inaperçue. Dans leur nouveau rapport, rendu public lundi 4 avril, les scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) préviennent qu'il faut agir avant 2025 pour limiter le réchauffement climatique et conserver un monde vivable. "Dans les scénarios que nous avons évalués, limiter le réchauffement à 1,5 °C nécessite que les émissions de gaz à effet de serre plafonnent avant 2025 au plus tard", écrivent-ils dans le communiqué de presse qui accompagne le rapport.

Ce chiffre de 1,5 °C correspond à l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris sur le climat. Signé en 2015, ce traité engage ces signataires à contenir "l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5 °C". Cet objectif n'est pas choisi au hasard : comme l'a montré un précédent rapport du même Giec, les dégâts provoqués par le réchauffement – vagues de chaleur, montée du niveau de la mer, événements extrêmes – sont moindres s'il est limité à 1,5 °C. Pour certaines régions du monde, l'enjeu est crucial : "la différence entre 1,5 et 2 °C est la mort pour nous", avait déclaré lors de la COP26 la ministre de l'Environnement des Maldives, Shauna Aminath.

Vers un réchauffement de 3,2 °C ?

Aujourd'hui, le monde n'est pas sur la bonne trajectoire. Le réchauffement climatique est déjà évalué à 1,09 °C et les émissions de gaz à effet de serre, produites par les activités humaines (industrie, énergie, transports, agriculture, logements, etc.) et la combustion d'énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), continuent d'augmenter, même si le rythme a ralenti (+2,3% à +1,3% par an). Selon le dernier rapport, les politiques actuelles nous conduisent tout droit vers un réchauffement catastrophique de 3,2 °C en 2100.

Pour inverser la tendance, il faut donc agir rapidement. C'est le sens du délai de trois ans donné par le Giec. Les scientifiques ont étudié les différents scénarios d'émissions qui limiteraient le réchauffement à 1,5 °C. Ceux qui permettent de rester sous cette barre fatidique, sans la dépasser temporairement ou de manière très limitée, voient les émissions plafonner d'ici 2025 au plus tard et chuter de 43% en 2030. Ce pic en 2025 est également valable pour les scénarios limitant le réchauffement à 2 °C.

Un appel à l'action

De fait, parmi les scénarios examinés, les seuls qui ne tablent pas sur un pic des émissions de gaz à effet de serre entre 2020 et 2025 conduisent à un réchauffement de 3 °C (pic entre 2030 et 2035), 4 °C (2070-2075) ou au-delà (2080-2085). "C'est maintenant ou jamais si nous voulons limiter le réchauffement à 1,5 °C, a commenté Jim Skea, co-auteur du dernier rapport du Giec. Sans des réductions d'émissions immédiates et importantes dans tous les secteurs, ce sera impossible."

Sur Twitter, le climatologue Christophe Cassou met en garde contre toute tentative de se résigner. "Cela ne signifie pas que nous avons encore trois ans pour agir et qu'ensuite ce sera la catastrophe. Cela signifique qu'il faut des actions maintenant", explique-t-il.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.