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COP26 : pourquoi la France n'a pas rejoint l'accord de non-financement des énergies fossiles à l’étranger d'ici 2022

Dix-neuf pays ont annoncé vouloir arrêter d'ici la fin de l'année prochaine les financements à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture de carbone. Mais la France n'en fait pas partie.

Article rédigé par franceinfo - Eloïse Bartoli
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président français Emmanuel Macron lors du sommet des dirigeants mondiaux de la COP26 à Glasgow, en Écosse (Royaume-Uni), le 1er novembre 2021.  (ANDY BUCHANAN / POOL/ AFP)

La France passe son tour. Dix-neuf pays ont annoncé, jeudi 4 novembre, s'engager à mettre un terme, d'ici à la fin de 2022, au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture de carbone. Parmi les signataires de cet accord qualifié d'historique par les observateurs, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada... mais pas la France, qui apparaît comme le grand absent de cette coalition made in COP26. 

"Le gouvernement français, absent de la liste des signataires, rate le coche pour se positionner dans le groupe des pays progressistes", a estimé Lucile Dufour, Senior Policy Advisor à l'IISD (International Institute for Sustainable Development) en marge du sommet. Une position partagée par Anne-Lena Rebaud, chargée de campagne Climat pour les Amis de la Terre. "En restant en dehors de l'accord, ils sont du mauvais côté de l'histoire. La France n'est pas suffisamment ambitieuse", dénonce-t-elle auprès de franceinfo.

Un refus de tout compromis ?

Le positionnement du ministère de l'Ecologie, qui n'a pas répondu aux sollicitations de franceinfo, est décrypté par Anne-Lena Rebaud, experte du dossier au sein de l'ONG les Amis de la Terre. Selon elle, Paris s'est longtemps présenté comme étant à l'avant-garde de la lutte contre les énergies fossiles à l'étranger. L'exécutif présente donc ce refus de rejoindre la coalition, selon elle, comme le refus de tout compromis. En cause, dans sa rédaction, l'accord laisse ouverte la possibilité de l'exception. "Leur argument [de la France], c'est de dire qu'on va continuer à financer le gaz jusqu'en 2035, 'mais nous, lorsque l'on arrêtera, on arrêtera totalement'", traduit Anne-Lena Rebaud à franceinfo.    

Un positionnement difficile à entendre pour la chargée de campagne Climat des Amis de la Terre. "La France aurait tout de même pu rejoindre la déclaration, cela ne les empêchait pas de faire une politique encore plus ambitieuse que les autres pays signataire de l'accord", défend-elle.  

Une autre coalition à l'ambition similaire

L'existence d'une coalition préalable est un autre argument de la France pour justifier cette absence de signature, selon les spécialistes contactés par franceinfo. Au printemps 2021, Paris a rejoint une coalition à l'ambition similaire nommée Export Finance for Future, aux côtés du Royaume-Uni, de l'Allemagne, du Danemark, de l'Espagne, des Pays-Bas et de la Suède. La volonté affichée par Bercy est notamment "d'imposer des restrictions sur les projets d’énergies fossiles à l'étranger".

Problème, aucune date contraignante pour atteindre cet objectif n'a été clairement définie. "On est pourtant dans une urgence climatique", rappelle Armelle Le Comte, en charge du climat à Oxfam. "Aujourd'hui, l'engagement de la France est complètement à rebours de l'histoire. Elle s'engage finalement seulement à arrêter les financements fossiles à l'étranger en 2025 pour le pétrole et en 2035 pour le gaz", regrette-t-elle. 

"Il y a un vrai enjeu géopolitique"

Ce retrait national, face à une coalition à l’initiative de Londres, peut enfin être analysé sous le prisme de la compétition entre pays voisins"Il y a un vrai enjeu géopolitique, sur fond de tensions avec le Brexit", abonde Anne-Lena Rebaud.

"La France avait une volonté de se positionner comme un leader en matière de verdissement des énergies fossiles, mais le Royaume-Uni l'a complètement rattrapée. Londres ne finance plus du tout de projets concernant les énergies fossiles à l'étranger depuis mars 2021", salue-t-elle. 

L'Etat devrait, durant la COP26, rejoindre une autre coalition, celle de Beyond Oil Gas Alliance. Cette dernière garantit "la fin de l'exploitation de pétrole et de gaz sur son territoire" pour ses signataires, explique la porte-parole d'Oxfam. A défaut de s'engager sur la scène extérieure. 

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