Bouillante, la géothermie championne climatique de la Guadeloupe
Ca ne s'invente pas : c'est sur la commune de Bouillante qu'est installée cette usine géothermique. En fait, le nom de cette petite ville côtière nichée dans les replis des montagnes de basse-Terre ne doit rien au hasard : "Sur la commune de Bouillante, on dénombre à peu près une trentaine de sources chaudes naturelles ", explique Sylvia Phibel, chargée de la communication à la centrale géopthermique de Bouillante.
"Nous avons ici un réservoir géothermal étendu sur près de 10 km, avec des eaux avoisinnant les 260 degrés "
Et ça n'a pas échappé à l'organisme public qui scrute le sous-sol de la France : le Bureau de recherches géologiques et minières, poursuit Sylvia Phibel : "Ces sources chaudes naturelles ont amené en 1963 le BRGM à venir faire des forages exploratoires à Bouillante. Ces forages ont permis de découvrir que nous avons ici un réservoir géothermal étendu sur près de 10 km, avec des eaux avoisinnant les 260 degrés ".
Configuration géologique rare
De quoi faire pousser un grand "Eureka !" aux ingénieurs du BRGM, car ils sont tombés ici sur une formation géologique peu courante. Hervé Traineau, géologue à CFG services, filiale du BRGM : "Ici, on a la chance d'avoir la combinaison d'une activité volcanique relativement récente - de 500.000 à un million d'années - combinée à la présence de failles. Et qui dit failles dit possibilité pour l'eau de s'infiltrer en profondeur et donc d'être réchauffée. Pour l'instant, on n'a pas encore identifié d'autres zones qui ont le même potentiel. On a parlé de la Soufrière. La différence c'est que la Soufrière est un volcan actif. Vous comprenez qu'il est quand même difficile d'envisager des projets industriels sur une zone qui présente un danger potentiel ".
Meilleur site qu'en métropole
Bouillante possède donc une configuration géologique unique en France, avec une source de chaleur peu profonde : 300 mètres. Ce qui rend le site bien plus performant que ses congénaire métropolitains, comme dans le bassin parisien par exemple, où il faut descendre à 2 km pour trouver une eau à seulement 60 ou 80 degrés. Une exception qui a toutefois un inconvénient : le modèle est difficile à reproduire ailleurs, puisqu'il est lié à sa carte géologique.
"Nous avons le kilowatt le moins cher de l'île "
Alors suivons le guide dans l'usine : Sylvia Phibel nous oriente dans une forêt de tuyaux. L'eau et de la vapeur d'eau sont puisées dans le sous-sol sous la montagne, un peu plus haut. Puis acheminés vers l'usine qui les transforme en électricité. Tout ça pour un prix défiant toute concurrence, comme aime à le rappeler le directeur, Didier Gauthier : "Nous avons le kilowatt le moins cher de l'île. Mon électricité est rachetée en moyenne à 120 euros le kilowatt/heure. les plus chers sont autour de 240-250. C'est économique pour la collectivité locale puisque nous avons un système de compensation, de façon à ce que dans le cadre de la continuité du territoire, les Guadeloupéens ne souffrent pas de coûts de production plus élevés qu'en métropole. Donc on fait moins appel à cette caisse de compensation lorsqu'on fait appel à notre énergie que lorsqu'on fait appel à des énergies fossiles ".
"Il n'y a pas ou très peu de renvois dans l'atmosphère de produits carbonés "
Autre avantage : l'installation est sans douleur pour l'environnement. Denez Lhostis, président de France nature environnement, principale fédération d'associations environnementales : "Il n'y a pas ou très peu de renvois dans l'atmosphère de produits carbonés. Donc on est dans un processus propre et ce qu'il faut voir également, c'est que c'est une resource pérenne, contrairement aux énergies fossiles ".
Bouillante fournit aujourd'hui 8% de l'électricité consommée en Guadeloupe et espère développer prochainement des forages en mer. Ces développements devraient permettre à la géothermie de faire grossir sa part dans le "mix" énergétique guadeloupéen, sans toutefois remplacer les modes de production dits traditionnels, qui eux, sont restent accros au carbone.
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