Témoignages Interdiction de la pêche dans le golfe de Gascogne : "On va toucher le fond", préviennent des pêcheurs de Lorient

L'interdiction de pêcher au filet dans le golfe de Gascogne pendant un mois débute lundi. Les pêcheurs lorientais, qui espéraient obtenir une dérogation, ont réalisé de nombreux investissements dans du nouveau matériel.
Article rédigé par franceinfo
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Quai Pourquoi Pas, port de pêche Lorient. (MARION FERRERE / FRANCEINFO)

Plus de 500 navires de pêche vont rester à quai à partir de lundi 22 janvier et jusqu'au 20 février prochain. L'interdiction de pêcher au filet dans le golfe de Gascogne, actée par le Conseil d'Etat, pour les bateaux de plus de huit mètres, entre en vigueur. Le but : protéger les populations de dauphins, victimes de captures accidentelles. Une décision difficile à accepter pour les pêcheurs lorientais, puisque le gouvernement leur avait promis des dérogations.

Selon le Centre international pour l'exploitation de la mer (Ciem), environ 9 000 dauphins meurent, chaque année, sur les côtes atlantiques françaises en raison de ces captures, pris dans les filets des pêcheurs. Sur le Quai du Pourquoi pas, dans le port de Lorient, m'Atout, bateau bleu et blanc de dix mètres de long, est amarré. Ses filets sont rangés. Pendant un mois, Julian et son équipage ne peuvent plus partir en mer : "Là on va toucher le fond, ça devient compliqué."

Des caméras et des répulseurs pour faire fuir les dauphins

Pourtant, le jeune patron s'était équipé pour bénéficier des dérogations : "On avait mis des caméras et des répulseurs sur les coques pour faire fuir les dauphins. Juste après avoir tout installé, ils sont revenus sur l'arrêté et ils nous ont dit de stopper les bateaux. Tout ça n'a servi à rien. C'était subventionné mais on n'a toujours pas eu les sous bien sûr."

Douche froide également pour Nicolas à la tête du Drakar. Jusqu'ici il pêchait du poulpe. Il a voulu adapter son bateau pour se diversifier : "Les caméras étaient payées et on me dit, cinq jours avant de mettre tout à bord, que je n'ai plus le droit. J'ai 6 000 euros de travaux en cours, quand même !"

Les pêcheurs pourtant l'assurent : les appareils acoustiques, qui diffusent des ondes pour repousser les dauphins, fonctionnent. "Les captures accidentelles que j'ai faites l'année dernière, il y en a eu sept", détaille David Le Quintrec, patron de l'Izer Vor. 

"Les sept dauphins ont été pêchés quand l'appareil n'était pas en route, parce que je le mets un jour sur deux. On était en période de test. Donc ça prouve bien l'efficacité de l'appareil."

David Le Quintrec

à franceinfo

Les pêcheurs comptent bien faire entendre leur colère : une journée de mobilisation est prévue le mois prochain. Les associations écologistes, elles, réclament une interdiction d'aller en mer bien plus longue.
Quatre mois au total chaque année : trois mois en hiver et quatre semaines en été.

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