Orages : "L'augmentation de la température de l'eau provoque des phénomènes extrêmes", assure un spécialiste de la mer
Christian Buchet, directeur du Centre d'études de la mer de l'Institut catholique de Paris et auteur de "Osons la mer", était l'invité de franceinfo vendredi matin.
"L'augmentation de la température de l'eau provoque des phénomènes extrêmes", a déclaré ce vendredi Christian Buchet, directeur du Centre d'études de la mer de l'Institut catholique de Paris, auteur de "Osons la mer" (éditions du Cherche Midi), après les violents orages qui ont touché la Corse, faisant au moins cinq morts et une vingtaine de blessés. La mer Méditerranée affiche des températures bien supérieures à la normale en cet été 2022.
franceinfo : La mer Méditerranée est très chaude cet été. Est-ce que c'est un facteur qui peut expliquer, au moins en partie ces orages ?
Christian Buchet : Bien évidemment. En réalité, on s'intéresse vraiment à l'océan depuis pas si longtemps. Même dans la COP21 de Paris, l'océan a été un peu aux abonnés absents alors qu'il faut rappeler que les océans fournissent 50% de l'oxygène que nous respirons et ils absorbent 30% de nos émissions de CO2. L'océan n'est pas intact par rapport à ce que nous lui faisons subir. Oui, aujourd'hui, on sait que l'augmentation de la température de l'eau provoque des phénomènes extrêmes. Si vous prenez les Antilles, il n'y a pas plus de cyclones qu'avant, on est à peu près dans les mêmes quotas, mais les cyclones sont beaucoup plus violents. En Atlantique, on sait qu'on a une modification de l'orientation des courants et des vents. Nous voyons l'impact que peuvent avoir un ou deux degrés sur la majoration des orages. Donc, bien évidemment, le dérèglement climatique est une des causes qui contribue à majorer le phénomène.
"Il y a des réfugiés climatiques chez un certain nombre d’espèces. Les méduses remontent de plus en plus vers l’arc atlantique parce qu’il fait de plus en plus chaud", donne en exemple Christian Buchet. Mais "on peut continuer à être optimiste". pic.twitter.com/T9LBHLh0LS
— franceinfo (@franceinfo) August 19, 2022
Des négociations sont justement menées en ce moment à New-York, auxquelles la France participe, en vue d'obtenir un traité de protection de la haute mer. Qu'en attendez-vous ?
J'espère surtout que ça va se faire vite parce que ce que j'en attends, ça risque malheureusement de prendre plusieurs années. Il s'agit de protéger les eaux mondiales qui n'appartiennent à aucun pays et dans lesquelles c'est 'premier arrivé, premier servi'. Cela veut dire protéger, évaluer, apprendre à connaître. Faut-il rappeler que nous sommes en 2022 et que d'ici 2050, ce sera le pic démographique. Il y aura 3 milliards de Terriens en plus, soit trois fois plus de population mondiale qu'à l'époque de Napoléon en 1804.
Est-ce que la France doit jouer un rôle moteur, selon vous, dans ces négociations sur la protection de la mer ?
La France joue déjà un rôle moteur. Cette initiative est partie principalement d'un certain nombre de personnes qui ont porté ce projet en France. Nous portons ce projet de la haute mer, oui. Cependant, c'est un projet parmi d'autres. Il faut négocier à l'ONU. Ce n'est pas simple si vous voulez, parce que même si l'opinion publique est d'accord, que tout le monde est favorable sur le papier pour protéger la mer, il y a tout un tas de nations qui n'ont pas forcément intérêt à ça.
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