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"On est surtout là pour limiter la propagation de l'espèce" : en Normandie, une brigade lutte contre les plantes invasives dans les cours d'eaux

Les plantes aquatiques invasives sont au cœur d’un rapport présenté à l’Assemblée nationale. Plus de 1 300 espèces exotiques ont été recensées en France par l’inventaire national du patrimoine naturel, un chiffre en constante augmentation.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Image d'illustration : une commune bretonne qui arrache des plants de berce du Caucase, pour limiter l'étendue des plantes invasives. (THIERRY LE CORRE / MAXPPP)

Elles envahissent nos cours d'eau et affectant leur biodiversité. Les plantes aquatiques invasives sont de plus en plus nombreuses : plus de 1 300 espèces exotiques recensées en France. Au point que le secrétariat d’État à la Biodiversité envisage de créer des brigades régionales d’intervention, sur le modèle de ce qui existe déjà en Normandie. Jean-François Dufaux est le coordinateur de cette toute première brigade d’intervention normande sur les espèces invasives, composée de presque dix personnes, et financée par l’Europe, l’État et le Conservatoire des espaces naturels.

Cette brigade a été créée avant tout "pour des raisons de biodiversité", mais pas seulement, explique Jean-François Dufaux : "Pour des raisons sanitaires, car des plantes qui peuvent être très allergisantes ou peuvent causer des brûlures très graves, comme la berce du Caucase. Et aussi pour des raisons économiques, parce que vous pouvez avoir une diminution d'un rendement agricole sur certaines parcelles par la présence de renouée du Japon, par exemple, qui va amoindrir la qualité d'un champ de blé qui serait récolté."

Dix espèces préoccupantes en Normandie

Dix espèces sont préoccupantes en Normandie. Entre autres, la gigantesque berce du Caucase, qui peut provoquer des brûlures au troisième degré, ou la crassule de Helms qui résiste partiellement au glyphosate. Arracher ces plantes relève donc du travail de fourmi.

"On va passer plusieurs fois au même endroit pour contrôler le développement et s'assurer qu'il y a une efficacité dans notre travail. Par exemple, vous allez arracher mille pieds de berces du Caucase, puis vous repassez un mois après en arracher cent, puis le mois suivant plus que dix."

Jean-François Dufaux

à franceinfo

Une opération que la brigade va répéter "au moins trois ou quatre ans sur le secteur concerné." Ces plantes viennent de Nouvelle-Zélande, du Brésil ou du Caucase, certaines ont été amenées par conteneurs, donc par le commerce et sont parfois là depuis des décennies. Mais elles ont été dopées par le changement climatique et vont définitivement faire partie du paysage. "Souvent, malheureusement, on est surtout là pour limiter la propagation de l'espèce, déplore Jean-François Dufaux. Mais éradiquer une espèce, c'est un peu illusoire sur certains territoires, quand il y en a vraiment trop." Pour tenter de repérer ces plantes envahissantes, la brigade forme des auxiliaires, en impliquant notamment les chasseurs et les pêcheurs. 

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