Le nouveau "plan loup" décrié par les écologistes et les éleveurs
Du flou et un mécontentement unanime. Le nouveau "plan loup" dévoilé lundi 18 septembre par le gouvernement à horizon 2024-2029 a été jugé "inacceptable" par les défenseurs du prédateur, mais aussi vivement critiqué par les éleveurs. Ce texte, qui doit remplacer en janvier celui en vigueur jusqu'à la fin de l'année, doit représenter un "tournant" vers un "meilleur équilibre" entre protection des troupeaux et conservation de cette espèce menacée.
>> Visualisez en un gif comment le loup a mis sa patte sur le territoire français
Sa présentation par la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes aux membres du Groupe national loup (GNL), une instance consultative rassemblant représentants du monde agricole, élus, bergers, chasseurs, espaces protégés, administrations et associations de protection de la nature, s'est déroulée à huis clos à Lyon, dans un climat tendu.
Le groupe national loup "n'a plus aucun sens"
Le plan, très technique et dont certains éléments restent à finaliser, prévoit notamment un volet de prévention et de gestion des attaques avec un accompagnement amélioré des éleveurs. La possibilité leur est désormais donnée d'utiliser du matériel de vision nocturne pour repérer l'animal sans avoir à l'"éclairer", comme cela était requis jusqu'ici.
Il prévoit en outre une refonte de l'actuel système de "comptage" du loup, jugé "très performant mais difficile à comprendre". Un nouveau système devra être élaboré avec pour objectif de ne publier "qu'un seul chiffre par an", contre deux actuellement. Un travail est également en cours sur le statut des chiens de protection postés dans les alpages.
Après cette présentation, les six associations de défense de l'environnement (France Nature Environnement, Ferus, Humanité et Diversité, la Ligue pour la protection des oiseaux, l'Association de protection des animaux sauvages et le fonds WWF) ont jugé ce plan "inacceptable". "Nous avons annoncé notre retrait définitif du groupe national loup", a fait savoir Jean-David Abel, représentant de la FNE, au nom de ce collectif. "Cette instance consultative n'a plus aucun sens. Ce n'est pas nouveau que l'Etat écoute [les syndicats agricoles] FNSEA, FNO et les chambres d'agriculture. Mais à ce niveau-là de déséquilibre, on s'est dit : 'On sert à rien'. Donc il faut que l'Etat assume ça". En réaction, la préfecture a qualifié ce départ de "regrettable". "La porte reste ouverte et les contacts se poursuivront. Le processus de consultation va se poursuivre", a-t-elle ajouté.
"Décalage béant", selon les éleveurs
Les éleveurs, pourtant censés être les principaux bénéficiaires de ce "rééquilibrage", ne sont guère plus enthousiastes. Le plan "entérine le statu quo et la détresse des éleveur·euses pour les cinq prochaines années", s'insurge la Confédération paysanne, qui dénonce le "décalage béant entre ces annonces et les attentes et besoins des éleveur·euses face à la prédation".
"L'Etat essaie de ménager la chèvre et le chou et il ne fait que des mécontents", a déclaré de son côté Claude Font, secrétaire général de la FNO en charge du dossier prédation. "On s'attendait à quelque chose de plus ambitieux en faveur de l'élevage", a-t-il commenté, estimant que "la seule avancée porte sur les protocoles de tirs".
Après avoir un temps disparu en France, le loup est réapparu au début des années 1990 en traversant les Alpes depuis l'Italie, et ses rangs ont progressivement grossi, au grand dam des éleveurs qui ont déploré plus de 12 000 bêtes attaquées en 2022. Le nombre de Canis lupus arpentant le territoire a été estimé début septembre à 1 104 individus. Jusqu'à 209 loups peuvent être abattus en France cette année, soit le quota de 19% autorisé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.