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L'expédition "Planète Méditerranée" est de retour à l'air libre, après 28 jours par 120 m de fond

Laurent Ballesta, Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Yannick Gentil ont passé un mois au fond de l'eau pour observer les mystères de la mer méditerranée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 2 min
Le biologiste et photographe, Laurent Ballesta, dans le caisson pressurisé de la mission "Planète Méditerranée", le 28 juin 2019, à Marseille. (BORIS HORVAT / AFP)

Après 28 jours passés 120 m sous la surface de la Grande Bleue, Laurent Ballesta a retrouvé l'air libre, dimanche 28 juillet, à Marseille, en sortant du caisson pressurisé qui lui a permis d'ausculter cette Méditerranée "blessée mais qui regorge encore d'oasis secrètes". L'expédition "Planète Méditerranée" était partie le 1er juillet de Marseille.

"La scène d'amour vache de deux murènes à La Ciotat, les cathédrales de roches de la falaise sous-marine du cap Taillat, au large de Cavalaire" : après un trek de quatre semaines dans les grands fonds, entre la cité phocéenne et Monaco, ce photographe sous-marin et biologiste revient avec des milliers d'images en tête.

"Plus aucune limite de temps pour plonger"

A ces profondeurs, l'homme est un intrus. La pression est 13 fois supérieure à celle de la surface terrestre. Pour une demi-heure de plongée dans cette zone crépusculaire où moins de 1% de lumière parvient à se frayer son chemin, il faut cinq heures de remontée jusqu'à la surface. "En séjournant en permanence dans un caisson qui reproduit l'atmosphère à 120 m, fini les interminables paliers de décompression. Nous n'avions plus aucune limite de temps pour plonger", explique Laurent Ballesta.

Quand il est entré dans ce caisson, installé sur une barge, ce Montpelliérain a quitté l'atmosphère terrestre pour quatre semaines avec ses trois comparses, Antonin Guilbert, Thibault Rauby et Yannick Gentil. Chaque jour, de ce minuscule espace de 10 m2 tracté par un remorqueur où ils ont cohabité un mois, les plongeurs sont descendus dans les entrailles de la Grande Bleue via la "tourelle", une sorte d'ascenseur.

Ca fait cinq millénaires qu'on l'observe, cette Méditerranée. Et pourtant elle garde ses secrets.

Laurent Ballesta

à l'AFP

Pour la première fois, il a pu photographier un barbier perroquet, poisson osseux des grandes profondeurs "jamais observé vivant dans son milieu". Missionnés par divers chercheurs, laboratoires ou universités, les quatre hommes ont effectué des prélèvements d'ADN sur une dizaine d'espèces de poissons. "Grâce à des bouturages, nous avons aussi permis de faire avancer la connaissance sur la génétique des gorgones ou du corail noir", expliquait Laurent Ballesta vendredi, joint au téléphone par l'AFP. 

"Scène de crime"

De même, les quatre hommes ont longuement travaillé sur l'ADN environnemental, cette technique qui permet de connaître les espèces vivant à ces profondeurs en analysant l'eau dans laquelle ils évoluent. "Nous étions comme des experts sur une scène de crime", sourit Laurent Ballesta.

Analyses des récifs corraligènes, ces refuges pour la biodiversité des grandes profondeurs, afin de déterminer s'ils ne seraient pas des puits de carbone appréciables en ces temps de changement climatique. Inspection du tuyau de sortie des eaux usées de la métropole de Nice, avec prélèvements de sédiments pour évaluer l'impact des rejets humains. Des dizaines d'expériences ont été menées.

Pour les aventuriers, l'ennemi permanent de cette expédition s'est révélée etre le froid. A ces profondeurs, l'eau est à 13 degrés. "Malgré les sous-vêtements polaires et les combinaisons étanches, on était très vite en souffrance dans les scaphandres. A ces pressions, la température ressentie est beaucoup plus basse. Finalement c'était plus dur que l'eau à 2 degrés que j'ai connue sous la banquise dans l'Antarctique."

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