"Il y a même un geai qui se promène" : les passionnés d'oiseaux appelés à l'opération de comptage ce week-end

Lancé en 2012, l'Observatoire des oiseaux des jardins vise à suivre l'évolution de la biodiversité et des populations d'oiseaux. Des animaux qui sont malheureusement en déclin depuis plusieurs années.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Un martin-pêcheur à Cagnes-sur-Mer, le 24 janvier 2024. (SYLVESTRE / MAXPPP)

C'est sans doute la mélodie qu'elle préfère. Régine ne peut pas se passer du chant des oiseaux : "C'est magnifique, le matin quand on se lève. Et j'ai la chance d'avoir, dans ma cour, des oiseaux qui viennent. Il y a des mésanges, des rouges-gorges et il y a même un geai qui se promène." Certains de ces volatiles ne viennent pas chez elle par hasard. "Pour les aider l'hiver, je leur mets des graines et de l'eau surtout, raconte Régine. Je leur mets même une piscine et c'est génial de les voir. Ils viennent se baigner, ils s'ébrouent dans l'eau. C'est fabuleux !"

Si vous avez la chance d'avoir une cour ou un jardin comme Régine, vous êtes appelés à compter les oiseaux ce week-end du samedi 27 et dimanche 28 janvier. Vous pouvez le faire aussi depuis votre balcon ou dans un parc. Cette opération de science participative est organisée par la Ligue de protection des oiseaux, le Muséum national d'Histoire naturelle et l'Office français de la biodiversité.

Régine l'assure, dans sa cour, moineaux, mésanges et autres oiseaux se font de plus en plus rares : "Il y en a beaucoup moins qu'avant. C'est net. En dix ans, j'ai pu voir la différence, ne serait-ce qu'à Paris." Et les études scientifiques le confirment les populations d'oiseaux ont chuté de près de 30% en France ces 30 dernières années.

L'"impact négatif" des pesticides

"L'agriculture intensive est le premier facteur du déclin des oiseaux, explique Benoît Fontaine, enseignant chercheur au Muséum national d'histoire naturelle. Alors on est dans une période où on parle beaucoup d'agriculture, et le propos ici n'est évidemment pas d'incriminer les agriculteurs qui sont indispensables, il n'y a aucun doute là-dessus. Les pesticides ont un impact négatif sur beaucoup d'oiseaux, soit en les empoisonnant directement, et l'autre raison, probablement plus importante, c'est que les pesticides attaquent des organismes qui sont des ressources pour les oiseaux. Et s'il y a moins de ressources, les oiseaux déclinent."

Sans parler de l'urbanisation et de l'artificialisation des sols ou de certaines éoliennes implantées au mauvais endroit. Mais ce déclin ne s'observe pas chez toutes les espèces. "On a des espèces qui diminuent, d'autres qui augmentent, indique Benoît Fontaine. Le pigeon ramier est une espèce qui augmente beaucoup. C'est une espèce qui est très adaptable, qui se trouve très bien en ville ou à la campagne.

"Il y a des espèces, comme les chardonnerets ou les verdiers, qui diminuent. Ce sont des espèces granivores plus exigeantes en termes d'accès aux ressources et quand il n'y a pas ce qu'il faut, elles diminuent, ce qui est le cas."

Benoît Fontaine, enseignant chercheur au Muséum national d'histoire naturelle

à franceinfo

Avec les observations effectuées ce week-end, les scientifiques vont pouvoir actualiser leurs données. En 2023, plus de 27 000 observateurs s'étaient mobilisés et plus de 900 000 oiseaux dénombrés avec en tête le moineau domestique, la mésange charbonnière et la mésange bleue.

Opération "comptage des oiseaux" à l'initiative de la LPO : reportage de Boris Hallier

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