Ce robot sous-marin va plonger à 2 400 m de profondeur pendant plusieurs années, pour explorer les grands fonds et observer les effets du réchauffement climatique. Ce qu'il va filmer au fond de la mer est assez unique : si on va bien au-delà de 2 400 m grâce à des machines et des sous-marins, on n'y reste pas, comme l'explique Christian Tamburini, chercheur au CNRS à l’Institut méditerranéen d’océanographie : "Les connaissances que l'on a en utilisant les navires océanographiques, ce sont celles liées à un point précis, à une saison.""Ici, l'idée est d'essayer d'étudier sur du moyen et du long terme et donc de voir les variabilités saisonnières, éventuellement aussi de voir des phénomènes exceptionnels qu'on ne connaît pas ou qu'on connaît mal."Christian Tamburini, chercheur au CNRSà franceinfoPourtant, Bathybot ne paye pas de mine. C'est un petit gabarit d'un peu moins de 300 kilos, de couleur jaune, monté sur des chenilles. Il va avancer dans un monde opaque, sur une plaine abyssale et sera connecté à un laboratoire sous-marin, déjà installé sur le site de la plongée. Il va rester au moins deux ans avant une première remontée, d'où l'utilisation, dans ce monde des profondeurs, de matériaux résistants, détaille Jan Opderbecke, responsable de l’unité à l’IFREMER qui gère les engins sous-marins : "On travaille avec des matériaux qui sont le moins sensibles possible à la corrosion. Donc du titane, avec des résines pour tenir dans les profondeurs."Identifier les organismes bioluminescentsPendant sa mission le petit robot va permettre aux scientifiques de progresser sur la connaissance des grands fonds et du réchauffement climatique. Christian Tamburini espère qu’il pourra apporter des éléments nouveaux sur un phénomène observé dans ces grands fonds : la bioluminescence, c’est-à-dire la lumière naturelle sous-marine. "Quels sont les organismes bioluminescents au fond de la Méditerranée ? On a très, très peu d'informations. On espère avoir des images qui vont nous permettre de mieux les identifier.""On va pouvoir dire si c'est plutôt un poisson ou une méduse, et éventuellement aller un peu plus dans le détail."Christian Tamburinià franceinfoOn a coutume de dire qu’aujourd’hui, on connaît mieux la Lune que ces grands fonds marins : la mission de Bathybot est en partie de faire mentir cette formule. Un robot sous-marin pour mieux connaître les grands fonds : reportage d'Etienne Monin écouter