Xylella fastidiosa : comment lutte-t-on contre la bactérie tueuse d'oliviers ?
Tout juste apparue en Corse-du-Sud, Xylella fastidiosa a déjà ravagé des milliers d'hectares de cultures en Italie.
Elle décime les oliviers, les vignes, les clémentiniers, les chênes... Xylella fastidiosa, une bactérie tueuse de quelque 200 végétaux, a fait son apparition en Corse-du-Sud, au grand dam des agriculteurs, qui se sont rassemblés à Ajaccio jeudi 23 juillet pour exiger des mesures énergiques. Le foyer de contamination est parti des Pouilles, en Italie, où des milliers d'hectares de cultures ont été ravagés.
Aucune parade n'a encore été trouvée pour lutter efficacement contre cette bactérie. Les scientifiques ne trouvent pas de solution pour soigner les arbres. Or, le risque de propagation dans tout le bassin méditerranéen est réel. Les autorités italiennes et françaises tentent surtout de contenir la progression de Xylella fastidiosa. Francetv info vous explique comment.
Une barrière phytosanitaire dans les Pouilles
Le sud de l'Italie a été touché au début des années 2010 par cette bactérie venue de Californie. Depuis, cette "peste végétale", comme la surnomme Slate, a tué plus d'un million d'oliviers dans le Salento, le talon de la botte italienne, soit plus de 10% de la production d'huile d'olive locale. Et ses multiples souches, qui se transmettent par des insectes suçeurs-piqueurs, menacent d'autres végétaux, comme les amandiers, les lauriers-roses, les vignes...
Face à ce désastre, les oléiculteurs n'ont d'autre choix que d'arracher et de brûler les arbres malades et de traiter les zones alentour. Les autorités italiennes ont quant à elles érigé une barrière phytosanitaire séparant cette région méridionale, placée en quarantaine, du reste du pays. Voici les explications de France 2 sur cette méthode :
Au nord de cette zone tampon, toutes les plantes susceptibles d'être infectées par la bactérie doivent être arrachées dans un rayon de 100 mètres autour d'un nouvel arbre malade. Comme l'indique Libération, cette mesure draconienne est contestée par les cultivateurs, qui ont déposé des recours en justice.
Une sensibilisation de la population en Corse
Une enquête est en cours pour déterminer d'où venait le plant infecté de polygale à feuille de myrte détecté le 20 juillet à Propriano, sur la haie entourant une grande surface. Comme en Italie, les plants infectés ainsi que les végétaux sensibles à la bactérie se trouvant dans un rayon de 100 mètres ont été arrachés et brûlés. La zone a été arrosée d'insecticides et isolée. Selon Libération, la végétation alentour devrait être passée au peigne fin sur un kilomètre.
Au mois de mars, la préfecture de Corse avait déjà lancé un appel à la vigilance contre la "tueuse d'oliviers". Un numéro vert dédié à Xylella fastidiosa a été mis en place : le 0800 873 699. Les autorités de l'île ont appelé la population à ne pas acheter de végétaux auprès de non-professionnels, à s'informer sur l'origine des plants et à désinfecter systématiquement les instruments de taille pour prévenir la dissémination des maladies entre les végétaux. Les Corses ont aussi été invités à signaler les symptômes ou suspicions de symptômes évoquant la présence de Xylella fastidiosa sur les espèces cibles (oliviers, prunus, pêchers, amandiers, lauriers-roses, vignes, agrumes, caféiers, chênes).
Une interdiction de certains végétaux prise par les autorités françaises
La préfecture corse refuse de répondre à la demande des agriculteurs, qui réclament l'interdiction totale d'entrée de végétaux sur l'île. Mais, début avril, l'Etat a en partie accédé à leur demande, en appliquant un arrêté interdisant l'entrée sur tout le territoire français de certains végétaux sensibles à la bactérie et en provenance "des zones délimitées au sein de l'Union européenne où Xylella fastidiosa est présent". Mesure qui vise directement le foyer épidémique des Pouilles.
La France est le premier Etat européen à avoir pris des mesures unilatérales de protection, dans l'attente d'un accord européen.
Un plan coordonné d'éradication et de prévention au niveau européen
L'accord ne s'est pas fait attendre. Fin avril, Bruxelles a emboîté le pas à la France en proposant un plan pour renforcer les mesures de prévention et d'éradication de la bactérie. Mesures qui se substitueront au dispositif français dès leur entrée en vigueur.
Les experts des vingt-huit pays de l’Union européenne réunis au sein du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et des aliments pour animaux (PAFF) ont approuvé l’interdiction totale d’importation pour les caféiers en provenance du Honduras et du Costa Rica. Comme l'explique Le Monde, ils n'ont pas accédé en revanche à la demande française et espagnole d’interdire les 200 espèces de plantes susceptibles d’être contaminées en provenance de tous les pays tiers où se trouve la bactérie.
Pour éradiquer la bactérie dans les zones infectées, les experts confirment la nécessité de détruire les plantes sensibles dans un rayon de 100 mètres autour de l'arbre malade. Selon Le Monde, l’Italie est le seul pays à s’y être opposé.
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