Bactérie "Xylella Fastidiosa" en Corse : "Je ne sais pas ce que je ferai si elle touche mes oliviers"
La bactérie tueuse a été détectée dans la station balnéaire de Propriano. Les oléiculteurs de la région s'inquiètent pour leur avenir.
"Si tout crève, la Corse ne sera plus qu'un rocher dans la mer." Le futur de l'île de Beauté paraît bien sombre aux yeux de Patrick Bartoli. L'oléiculteur est établi à Olmeto, non loin de la station balnéaire de Propriano, où le premier cas de Xylella Fastidiosa, une bactérie tueuse de quelque 200 végétaux, a été détecté, lundi 20 juillet.
"C'est toute une économie qui risque d'être touchée"
Transmise par des insectes, la Xylella Fastidiosa était la hantise des producteurs corses, car elle a déjà ravagé la région des Pouilles, dans le sud de l'Italie, où quelque 30 000 hectares d'oliveraies ont été détruits. Aucune parade n'a encore été trouvée contre la bactérie tueuse, hormis la destruction des végétaux infectés.
Sur la page Facebook du collectif Xylella Fastidiosa, des images d'arbres décimés en Italie font office de "piqûre de rappel" : "Très rassurant pour notre avenir." "Si plusieurs foyers sont enregistrés, cela deviendra ingérable, car la bactérie attaque aussi les plantes sauvages, explique à l'AFP Agnès Simonpietri, élue nationaliste à l'Assemblée de Corse et responsable du collectif. Tout le couvert végétal de l'île est donc bien menacé."
Voilà les photos du Salento ...
Posted by Cullettivu Xylella Fastidiosa on Wednesday, October 22, 2014
La crainte est partagée par Patrick Bartoli. "Si le foyer n'est pas restreint, ça va être une catastrophe, un massacre pour la Corse, aussi bien économiquement qu'écologiquement, prédit l'oléiculteur. L'île est couverte de chênes, d'oliviers sauvages, de myrte, d'agrumes. C'est toute une économie qui risque d'être touchée par la bactérie."
"Les pouvoirs publics n'ont rien fait"
Face à la menace, les services de l'Etat avaient lancé un appel à la vigilance dès mars. Depuis des mois, des contrôles sont effectués dans les pépinières et les ports corses, mais tous les véhicules ne peuvent pas être inspectés, a expliqué le préfet de Corse, Christophe Mirmand.
Pas assez pour Patrick Bartoli. "Les pouvoirs publics n'ont rien fait, estime l'oléiculteur. S'ils avaient de suite mis en place des mesures de quarantaine, en surveillant toutes les importations de plantes, on n'en serait pas là. Cela montre qu'ils s'en foutent un peu de la Corse." Le collectif Xylella Fastidiosa réclamait "l'arrêt complet de l'importation de végétaux dans l'île", pour éviter toute contamination.
"On sait qu'elle est là, on attend maintenant"
Une enquête est désormais en cours pour déterminer d'où venait le plant infecté de Propriano. "On sait que la bactérie est là, on attend maintenant, résume, fataliste, Patrick Bartoli. Je ne sais pas ce que je ferai si la bactérie touche mes plants. Je changerai de métier, je ramasserai de la terre, il n'y aura plus que ça."
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