Allain Bougrain-Dubourg (LPO) : "Oui aux éoliennes mais pas n'importe comment"
La Ligue de protection des oiseaux vient de mener une étude approfondie sur la cohabitation de l'éolien et des oiseaux. Sur franceinfo, le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg, déplore une mortalité accrue près des zones protégées et fait plusieurs recommandations.
Les éoliennes sont-elles des tueuses d'oiseaux ? La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a dévoilé, mardi 20 juin, les conclusions de la première étude approfondie dans ce domaine. L'association a épluché les rapports de naturalistes et de bureaux d'études, réalisés entre 1997 à 2015, sur les 1 065 éoliennes implantées sur le territoire français et les 1 102 cadavres d'oiseaux tués par ces machines à pales et à hélices.
Sur franceinfo, le président de la LPO, Allain Bougrain-Dubourg, a déploré une mortalité accrue près des zones protégées et fait plusieurs recommandations pour les futures implantations de parcs.
franceinfo : Que préconise la LPO pour les nouvelles installations ?
Allain Bougrain-Dubourg : Nous sommes favorables aux énergies renouvelables. Mais pas n'importe où, pas n'importe comment. Si vous mettez de l'éolien sur une zone de migrations, vous êtes sûr que vous allez avoir un impact épouvantable. C'est justement ce que la LPO condamne. Jusqu'en 2004 globalement, on implantait des éoliennes un peu partout, sans faire véritablement d'études d'impact. On se rend compte que cela impactait notamment tous les migrateurs.
Nous ne voulons pas d'éoliennes dans les ZPS, les Zones de protection spéciale -Natura 2 000- là où on a évalué la plus grande richesse en biodiversité, donc il s'agit simplement de les mettre ailleurs. On voit que l'avenir c'est l'offshore, il y a un projet initié par Ségolène Royal [l'ex-ministre de l'Environnement] au large d'Oléron, et bien c'est en pleine zone de protection spéciale, ce n'est pas acceptable. Même les Aires marines protégées (AMP), qui sont des établissements publics, de l'État, trouvent que cela n'est pas fonctionnel. Donc : oui aux éoliennes mais pas n'importe comment.
Selon votre rapport, les éoliennes tuent entre 0,3 et 18,3 oiseaux chaque année en moyenne. Ce n'est pas une hécatombe...
Il faut être clair : les oiseaux qui se cognent sur des baie vitrées ou encore la prédation par les chats, c'est beaucoup plus important évidemment. Mais cela ne signifie pas que l'on doit rester indifférent. Pour moi, la transition énergétique ne peut pas s’exonérer de la prise en compte de la biodiversité. C'est valable pour le photovoltaïque etc.
Quand vous donnez ces chiffres, par exemple, c'est une moyenne un peu ridicule parce que vous avez des éoliennes très, très impactant où il peut y avoir des dizaines et des dizaines d'oiseaux qui vont être tués et d'autres pas du tout. On a pu justement faire valoir dans notre enquête qu'il y avait un peu d'incohérence dans les analyses et qu'on faisait des moyennes qui n'ont aucun sens en vérité.
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