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"Adopte un bobo", la campagne d'une fédération écologiste pour sauver la biodiversité en Rhône-Alpes

La fédération de protection de la nature en Rhône-Alpes a lancé cette semaine une campagne "Adopte un bobo". Face à la baisse de ses subventions, elle craint que les chasseurs ne prennent la place des écologistes pour protéger l'environnement.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
#AdopteUnBobo, la campagne lancée par la fédération Rhône-Alpes de protection de la nature sur les réseaux sociaux. (Frapna)

"Adopte un bobo", c’est le nom d’une campagne de la Frapna, la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature, qui débute cette semaine. L’association s’inquiète de la perte de ses subventions régionales et, surtout, du discours des élus régionaux qui préfèrent discuter avec des chasseurs plutôt qu’avec des "bobos des villes" pour protéger l’environnement.

Une campagne qui relance la guerre entre écolos et chasseurs

Nous voilà reparti dix ans en arrière, avant le Grenelle de l'Environnement. À l'époque, la performance des équipes de Jean-Louis Borloo était d'avoir réussi à réunir autour d'une table les associations de défense de la nature et les chasseurs. Le Grenelle, en 2007, avait réussi à faire tomber les clichés entre deux mondes qui ne se parlaient pas. Il les a même fait converger sur leurs connaissances respectives des milieux naturels.

Mais aujourd'hui, les subventions publiques pour l'environnement se réduisent et Laurent Wauquiez, le nouveau président Les Républicains de la région Auvergne-Rhône-Alpes, choisit d'aider les chasseurs. Ils se retrouvent dotés d’une subvention d'un million d'euros par an. En revanche, la fédération Rhône-Alpes de protection de la nature, la Frapna, voit son chèque divisé par deux. Elle craint même de ne plus avoir aucune subvention de la région l'an prochain.

Une campagne qui alerte sur les conséquences pour la protection de l'environnement

La Frapna se demande aujourd'hui qui va compter les chauves-souris, les insectes, les espèces invasives, et pouvoir alerter sur la disparition de la biodiversité. Qui va défendre la qualité de l'eau, de l'air face aux risques industriels ? Qui va lutter contre l'urbanisation sur les terres agricoles ou les zones naturelles ? Elle ne nie pas la bonne connaissance de la faune traquée par les chasseurs, mais la fédération estime qu'il faudrait d'autres acteurs pour les autres espèces. Aujourd'hui, les associations n’ont plus les moyens de mener ces missions et vont devoir licencier. La Frapna estime qu'une quarantaine d'emplois sur cent pourraient être touchés. C'est pire pour la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) ou le réseau Graine, en charge d'éducation à l'environnement.

Une campagne sur les réseaux sociaux

L’idée de la campagne #AdopteUnBobo a germé après une déclaration du conseiller régional à la chasse et à la pêche de Laurent Wauquiez, estimant que les chasseurs ont davantage leur place pour parler de la biodiversité que les "bobos des villes". La Frapna veut montrer à travers cette campagne qu'elle est aussi sur le terrain et pas seulement dans un bureau.

Elle diffuse donc des portraits de ces salariés comme Marie, qui compte les libellules sentinelles en Haute-Savoie, qui sont des indicateurs de l'état de préservation des cours d'eau. Il ya aussi Pierre Cédric qui a inventé une maquette pour faire comprendre le cycle de l'eau aux collégiens et aux élèves de primaire en Isère.

Un appel aux dons des particuliers a été lancé pour compenser la réduction drastique du budget de l'une des plus vieilles associations de défense de l'environnement en France.

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