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En Irak, Al-Qaïda regagne du terrain

Le gouvernement irakien a perdu le contrôle de la ville de Fallouja, à 60 km à l'Ouest de Bagdad, tombée aux mains de combattants liés à Al-Qaïda. Le mouvement djihadiste se réinstalle au grand jour dans cette ville, rappelant les années pendant lesquelles l'insurrection a infligé de lourdes pertes aux forces américaines. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Stringer Reuters)

Cela faisait près de dix ans que les combattants d'Al-Qaïda avaient été délogés de Fallouja par les troupes américaines. Mais ce samedi, après une semaine de violences et de combats, le mouvement islamiste a réussi à prendre le contrôle de la ville. "Fallouja est sous le contrôle de l'EIIL ", l'Etat islamique en Irak et au Levant, filiale d'Al-Qaïda en Irak, a annoncé samedi un haut responsable de la sécurité, précisant que le groupe extrémiste sunnite avait "désigné un gouverneur " pour la ville.

Et si ce même responsable a précisé que les alentours de Fallouja restaient aux mains de la police locale, un journaliste de l'AFP sur place a lui confirmé que la ville était "totalement contrôlée par Al-Qaïda ", assurant que "ni les forces de sécurité ni celles des (milices anti-Qaïda) Sahwa n'étaient présentes dans Fallouja ". 

Un des bastions de l'insurrection

Cela fait près d'un an que les zones sunnites irakiennes, comme la province d'Al-Anqar, où se trouve Fallouja, sont en proie à un vif mouvement de contestation. En cause : le Premier ministre, Nouri Al-Makiki, chiïte et à qui l'on reproche d'accaparer le pouvoir et de marginaliser les sunnites. 

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Lundi dernier, il a ainsi procédé au démantèlement violent d'un camp de protestataires anti-gouvernementaux à Ramadi, taxé par le gouvernement comme un "repaire anti-Al-Qaïda". Ce démantèlement faisait suite à l'arrestation d'un parlementaire sunnite de la ville, qui a vu périr son frère et cinq de ses gardes du corps. 

Les combats ont donc été déclenchés lundi, à Ramadi, avant de rapidement s'étendre jusqu'à Fallouja. Aucun bilan global des violences de la semaine à Fallouja, ou à Ramadi, n'était disponible, mais des responsables ont fait état de 103 morts vendredi, dont 32 civils, et de 65 morts samedi, dont 55 combattants liés à Al-Qaïda. Les combats ne font que commencer --------------------------------- La prise de Fallouja marque un réel tournant puisque les djihadistes d'Al-Qaïda étaient jusqu'à présent terrés dans les zones rurales, et cela marque leur retour dans une région symbolique : c'est à Anbar que l'armée américaine a compté près d'un tiers de ses pertes en Irak, selon le site indépendant [icasualties.org](http://icasualties.org/). Mais les représailles ne devraient pas se faire attendre. "*Les combats vont commencer. Et nous ne voulons pas mourir dans un affrontement entre Al-Qaïda et les forces de sécurité* ", a expliqué Salam al-Kritawi, un chauffeur de taxi de 27 ans.  "*Nous ne céderons pas tant que nous n'aurons pas vaincu tous les groupes terroristes et sauvé notre peuple à Anbar* ", a assuré le Premier ministre Nouri al-Maliki. Les Etats-Unis ont eux condamné la "*barbarie* " des combattants de l'EIIL et assuré être en contact les autorités irakiennes "*pour voir comment nous pouvons les aider à vaincre notre ennemi commun* ".

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