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Manifestation en Biélorussie : "La situation peut basculer avec soit la chute du régime, soit une répression encore plus féroce", estime une spécialiste en études slaves

La contestation contre l'élection controversée d'Alexandre Loukachenko en Bielorussie entre dans sa quatrième journée. Pour Ioulia Shukan, maîtresse de conférences en études Slaves à l'université Paris-Nanterre, "on ne voit pas de fissure dans l'appareil sécuritaire sur lequel le régime s'appuie". 

Article rédigé par franceinfo
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Manifestation de femmes en blanc contre les violences policières et la réélection annoncée d'Alexandre Loukachenko. (SERGEI GAPON / AFP)

La Biélorussie connaît son quatrième jour de contestation après les élections, et les autorités affirment avoir déjà arrêté 6 700 personnes. Ioulia Shukan, maîtresse de conférences en études Slaves à l'université Paris-Nanterre, a reconnu, jeudi sur franceinfo, que le pays traverse "une crise politique aiguë que le pays n'a jamais connu". "La situation peut basculer avec soit la chute du régime, soit une répression encore plus féroce."

L'arrivée des ouvriers dans la contestation

"La mobilisation citoyenne ne faiblit pas, et ceci malgré les répressions", explique la maîtresse de conférence. "Des milliers de personnes descendent dans la rue, font des chaînes humaines, on voit ces marches de femmes vêtues de blanc dans les rues, et pas uniquement à Minsk. La dimension régionale de cette mobilisation est à souligner et, surtout, il y a l'entrée en mobilisation de nouveaux segments de la société, les ouvriers, c'est quelque chose de nouveau et d'extrêmement important pour que la mobilisation prenne."

"Mais en face on voit aussi un régime qui résiste et mise sur la répression, on a beaucoup de témoignages sur les exactions commises par les forces de l'ordre", a concédé Ioulia Shukan, reconnaissant que "finalement, au bout de ces quatre jours de mobilisation, on ne voit pas de fissure dans l'appareil sécuritaire sur lequel le régime s'appuie".

L'importance de la réaction russe

Quant à l'attitude des autres Etats sur la situation en Biélorussie, Ioulia Shukan s'attend à une réaction forte de la Russie. "Jusque-là, on observait plutôt une position ambiguë de la part de Moscou. Si la situation tourne à la défaveur de Lukashenko, c'est sûr que Moscou va appuyer ce président par peur d'une révolution de couleur."

Moscou ne veut surtout pas d'exemple de renversement de régime dans son voisinage proche.

Iulia Shukan

à franceinfo

"La Biélorussie a vécu déjà plusieurs périodes de sanctions imposées par l'Union européenne. Je pense que l'UE va de nouveau se retrouver face à ce dilemme des sanctions et à la question de leur efficacité. On sait que par le passé les sanctions ont eu un effet symbolique et ont coupé l'Union européenne de la société civile et d'un certain nombre d'acteurs avec lesquels le dialogue aurait pu se poursuivre."

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