L'inquiétude monte auCaire et dans toute l'Egypte. Le président islamiste Mohamed Morsi élu en juindernier, a décidé de renforcer considérablement ses pouvoirs.Les décisions prisespar Mohamed Morsi visent à "nettoyer les institutions " et"détruire les infrastructures de l'ancien régime ". Le président HosniMoubarak a été renversé en février 2011 sous la pression d'une révolte populaire.Un "nouveaupharaon " pour l'oppositionLe président égyptienpeut désormais prendre toute décision ou mesure pour "protéger la révolution ".Les déclarations constitutionnelles, décisions et lois émises par le présidentsont définitives et ne sont pas sujettes à appel en attendant une nouvelleConstitution. L'opposition craint une dérive devant cette immunité totale.L'opposant Mohammed ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale del'énergie atomique (AIEA) et prix Nobel de la Paix, a immédiatement réagi surson compte Twitter. Il a accusé Mohamed Morsi de se proclamer "nouveaupharaon ".Morsi today usurped all state powers & appointed himself Egypt's new pharaoh. A major blow to the revolution that cld have dire consequences— Mohamed ElBaradei (@ElBaradei) November 22, 2012"Aujourd'hui, Morsia usurpé tous les pouvoirs et s'est proclamé nouveau pharaon d'Egypte. Unénorme coup porté à la révolution qui pourrait avoir d'épouvantablesconséquences." (Mohammed ElBaradei)Manifestations pro et anti Morsi place TahrirDes manifestations ont eu lieu jeudi soir au Caire. Des centaines de personnes se sont rassemblées en soutien au président Morsi. Pour eux, la décision du président "va permettre de rendre justice aux martyrs et de contraindre les corrompus à rendre des comptes ".Quelques kilomètres plus loin, des centaines de manifestants contre la décision du chef de l'Etat se sont également rassemblées. "Nous n'avons pas mené une révolte pour remplacer un dictateur par un autre ", a fustigé Khaled Ali. "Il se prend pour Dieu ".Le climat pourraitencore se détériorer vendredi, jour de prière. Une grande manifestation a lieu place Tahrir. Des formations del'opposition égyptienne ont appelé à des manifestations nationales de protestation. "C'est un coup contre la légitimité(...) Nous appelons tous les Egyptiensà protester vendredi surtoutes les places d'Egypte ", a déclaré Sameh Achour,chef du syndicat desavocats, lors d'une conférence de presse conjointe avec les opposants MohamedElBaradei et Amr Moussa.Relations tendues avecl'appareil judiciaire Mohamed Morsi, ancienhaut responsable des Frères musulmans, cumule déjà les pouvoirs exécutif etlégislatif -la chambre des députés a été dissoute en juin-, et entretient desrelations tendues avec une grande partie de l'appareil judiciaire.Il a décidé jeudi delimoger le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, qu'il avait échoué àdémettre de ses fonctions le mois dernier, et a désigné un autre juge, TalaatIbrahim Abdallah, pour le remplacer pour une période de quatre ans. Le procureurMahmoud avait été installé du temps d'Hosni Moubarak.Une dérive totalitaire ? Mohamed Morsi n'a pasvoulu s'arrêter là. Il a également décidé qu'aucune instance judiciaire nepouvait dissoudre la commission chargée de rédiger la future Constitution.Unecommission dominée par les islamistes, dénoncent les milieux libéraux etlaïques ainsi que de l'église chrétienne copte. Sa composition faitactuellement l'objet d'un recours devant la Haute cour constitutionnelle.Le président a décidéd'étendre de deux mois le mandat de cette commission, qui avait initialementjusqu'à mi-décembre pour présenter un projet de loi fondamentale pour remplacercelle en vigueur sous M. Moubarak, abrogée l'an dernier.Ces annonces surviennent au lendemain d'un accord de cessez-le-feu entre Israëlet les groupes armés palestiniens de la bande de Gaza, pour lequel le présidentégyptien a joué un rôle important largement salué par la communautéinternationale.