Egypte : le procès de l'ex-président Morsi ajourné
Ce n'est pas parce qu'un ancien dirigeant égyptien est déjà passé devant la Justice que l'Egypte aborde tranquillement ce genre de procès. Après la comparution, toujours pas terminée, de l'ancien Raïs Hosni Moubarak, qui avait donné lieu à des violences, celle de Mohamed Morsi a de quoi inquiéter sur les rives du Nil. Mais moins d'une heure après l'annonce de son ouverture lundi matin, le procès a été ajourné. Pour des raisons qui ne sont pas claires pour l'instant.
Les Frères musulmans, partisans du président déchu, ont déjà prévenu : "si Morsi est condamné, il y aura une escalade majeure par le biais de manifestations pacifiques et sans l'usage de la force ", prédit un haut responsable de la confrérie, sans exclure que d'autres islamistes puissent prendre les armes contre l'Etat. Car Mohamed Morsi et ses 14 co-accusés, dirigeants des Frères musulmans, risquent la peine de mort ou la prison à vie.
Répression contre attentats
Ils devaient comparaître pour incitation au meurtre et à la torture de manifestants devant le palais présidentiel Etihadeya en décembre 2012. L'acte d'accusation se réfère à la mort de dizaines de personnes lors d'affrontements entre Frères musulmans et opposants qui protestaient contre un décret étendant les pouvoirs de Mohamed Morsi, élu démocratiquement - le premier du genre en Egypte - six mois plus tôt.
Mais depuis son renversement le 3 juillet après des manifestations monstres, la violence n'a pas faibli. Le gouvernement intérimaire, soutenu par l'armée, s'est lancé dans une répression de grande ampleur contre les Frères musulmans. Les arrestations se comptent par centaines, les morts aussi, comme lors de l'assaut donné par l'armée contre les campements pro-Morsi au Caire, le 14 août. Les forces de l'ordre ont alors bénéficié d'une large impunité. Et dans les semaines qui ont suivi, des attentats ont coûté la vie à une centaine de membres des forces de l'ordre à travers le pays.
Les organisations de défense des droits de l'Homme s'inquiètent de la partialité de la Justice. La liberté d'expression est aussi attaquée, avec des emprisonnements de journalistes ou la déprogrammation d'une célèbre émission d'humour, qui avait écorné le nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al Sissi.
Soutien américain
Alors que l'économie du pays, basée sur le tourisme et les investissements étrangers souffre, le pouvoir en place a reçu le soutien des Etats-Unis, via le secrétaire d'Etat John Kerry, qui s'est rendu au Caire ce week-end. Il assure avoir vu des signes que l'Egypte va vers la démocratie et a minimisé la suspension d'une partie de l'aide militaire américaine.
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