Egypte : le pouvoir accuse Mohamed Morsi de meurtre et d'évasion
L'ex-président égyptien Mohamed Morsi, détenu au secret par l'armée depuis sa destitution le 3 juillet, a été formellement placé en détention pour une durée maximale de 15 jours dans le cadre d'une procédure lancée par un tribunal du Caire.
La justice lui reproche son implication présumée dans des attaques contre la police, imputées au Hamas, sous son prédécesseur Hosni Moubarak, ainsi que son évasion de la prison de Wadi Natroun à la même époque. Un procureur a déja interrogé Morsi et l'a "confronté avec
des preuve s", explique l'agence de presse égyptienne MENA, qui rapporte ces informations.
Le Hamas dénonce ces accusations
"Le Hamas condamne cette décision car elle est fondée sur le postulat que
le mouvement Hamas est hostil e" à l'Egypte, a déclaré à l'AFP un porte-parole
du mouvement à Gaza, Sami Abou Zouhri.
"C'est un développement dangereux qui confirme que le pouvoir actuel en
Egypte renonce aux causes nationales (...) allant même jusqu'à leur nuire, à
commencer par la cause palestinienne ", a-t-il déploré.
Le Hamas est visé depuis des mois par une féroce campagne des médias
égyptiens hostiles au président islamiste, qui mettent en cause le patriotisme
des Frères musulmans en leur reprochant leurs liens notamment avec le Hamas. Ce dernier est accusé d'ingérence dans les affaires égyptiennes, avant et après la révolution
de 2011 qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak.
Ces attaques se sont intensifiées depuis la destitution du président Morsi pour s'étendre aux
Palestiniens dans leur ensemble, dénoncés comme des fauteurs de troubles. Des accusations qui ont conduit le Hamas à multiplier les démentis d'informations de médias
égyptiens sur son implication dans les troubles aux côtés des pro-Morsi.
Vives tensions entre l'armée et les Frères musulmans
En Egypte, la condamnation de l'ex-président intervient quelques
heures avant de vastes manifestations des pro et des anti-Morsi
au Caire, qui font craindre des nouvelles violences.
Jeudi soir, l'armée a donné 48 heures aux Frères musulmans pour cesser leurs appels à manifester et se joindre au processus de réconciliation politique.
Ces accusations "sonnent comme une vengeance de l'ancien régime, qui indique qu'il fait un retour en force" , a déclaré à l'AFP Gehad el-Haddad, un porte-parole des Frères musulmans. La confrérie égyptienne estime que cette décision de justice est le signe d'un retour à l'ancien régime d'Hosni Moubarak, chassé du pouvoir par un soulèvement populaire appuyé par l'armée en février 2011.
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