Cet article date de plus d'onze ans.

Egypte : deux morts après le verdict dans un drame du football

La justice égyptienne a prononcé samedi des peines de prison contre des personnes jugées pour un drame du football l'an dernier, et confirmé des peines capitales émises en janvier. Aussitôt, cette décision a provoqué des violences à Port-Saïd et au Caire où deux manifestants ont été tués dans des heurts avec la police. Dans ce contexte, le ministère de l'Intérieur égyptien a proclamé l'état d'urgence dans le Sinaï, craignant des attaques de djihadistes contre la police.
Article rédigé par Nicolas Richaud
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Reuters)

L'état d'urgence a été décrété dans le nord et le sud du
Sinaï samedi. Une décision prise par le ministère de l'Intérieur égyptien "après avoir été informé que
des groupes djihadistes avaient l'intention d'y perpétrer une attaque contre
des bâtiments de la police
", a déclaré le général Ossama Ismaïl,
responsable du ministère de l'Intérieur.

Les 21 condamnations à mort confirmées

Cette annonce est intervenue quelques heures après que des heurts ont éclaté au Caire et dans une moindre mesure à Port-Saïd. Une réaction à la confirmation par la justice de la condamnation à la peine capitale de 21 accusés, dans l'affaire des violences meurtrières en marge d'un match de football à Port-Saïd en février 2012.

Une peine de prison à vie a été prononcée pour cinq autres personnes. Le reste des peines va d'un an à 15 ans de prison. Concernant les supporters toujours, 28 d'entre eux ont été acquittés.

Dans cette affaire très sensible, neuf officiers de police comparaissaient devant la cour. Tous sont acquittés hormis les deux plus haut gradés au moment des faits respectivement condamnés à 15 ans et 25 ans de prison. Au total, 73 personnes étaient jugées. 

Regain de tensions à Port-Saïd

Les regards se sont immédiatement tournés vers la ville de Port-Saïd où la situation est explosive depuis plusieurs semaines.

Quelques heures après la décision du tribunal, des centaines de manifestants ont bloqué le trafic des ferries qui
permettent de traverser le canal pour dénoncer la confirmation des peines
capitales. D'autres ont également fait dériver des hors-bords dans le canal de Suez avec l'intention de pertuber le trafic naval.

Depuis la première condamnation à mort des 21 supporters, la ville de Port-Saïd est en proie à des violences régulières. Fin janvier, des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre avaient fait plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés. Au début du mois encore, des violences avaient éclaté faisant six morts, dont trois policiers.

Deux morts au Caire

Du côté du Caire, deux manifestants ont été tués dans des affrontements avec la police qui ont fait face à plusieurs centaines de personnes près de la place Tahrir.

Plus tôt ce samedi, quelques instants après le verdict, des bâtiments appartenant à un club de la police avaient été incendiés. Située non loin de là, la Fédération égyptienne de football avait subi le même sort. 

Les auteurs de ce saccage seraient des supporters du club de football Al Ahly de la capitale, surnommés les Ultras. Leur revendication ? Des peines qu'ils jugent trop clémentes et l'acquittement de plusieurs policiers.

74 morts à la fin d'un match de football

L'affaire qui met le feu aux poudres remonte à février 2012 : 74 personnes avaient péri lors d'émeutes déclenchées à la fin d'une rencontre de football entre l'équipe cairote d'Al Ahly et la sélection Al Masry de Port-Saïd.

Des spectateurs étaient morts piétinés par la foule paniquée qui tentait de fuir le stade à la suite d'une invasion du terrain par des supporters d'Al Masry. D'autres étaient tombés ou avaient été jetés du haut des gradins. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.