Egypte : après une journée de manifestations, un sit-in place Tahrir
"Le peuple soutient les décisions du président !" , scandent les manifestants, proches des frères musulmans, rassemblés devant le palais présidentiel, au nord du Caire. Les opposants, des libéraux et des laïques, sont regroupés place Tahrir, l'épicentre du printemps arabe, pour dénoncer le "nouveau pharaon" , selon l'expression de Mohamed ElBaradei, ex-chef de l'agence nucléaire de l'ONU et principal opposant. Au moins cent personnes ont été blessées dans tout l'Egypte.
La tension est palpable : les locaux du parti islamiste, le Parti de la liberté et de la justice, issu des Frères musulmans, ont été directement visés à Alexandrie - et même incendiés à Ismaïliya et Port Saïd. Des centaines de manifestants sont aussi descendus dans la rue à Charm el-Cheikh.
"L'Egypte avance" (Mohamed Morsi)
En cause, les dernières décisions du président Mohamed Morsi. Après avoir dissous le Parlement en juin, il a limogé jeudi le procureur général, et élargi ses pouvoirs - il s'est arrogé le droit, dans une déclaration constitutionnelle, de "prendre toute décision ou mesure pour protéger la révolution" de 2011. Un "nouveau pharaon" , donc.
A l'issue des prières du vendredi, Mohamed Morsi a défendu à nouveau le décret qui renforce ses prérogatives. "L'Egypte avance" , dit-il. "J'accomplis mes devoirs pour plaire à Dieu et à la nation. La victoire ne survient pas sans un projet clair, et c'est ce que j'ai."
Quoi qu'il en soit, le virage pris par Mohamed Morsi n'inquiète pas que les opposants égyptiens. L'Union européenne a appelé l'Egypte à respecter les engaments pris : "séparation des pouvoirs, indépendance de la justice, protection des libertés fondamentales et tenue dès que possible d'élections législatives démocratiques" , selon un porte-parole de la haute représente de l'UE pour les Affaires étrangères.
Sit-in place Tahrir
Le Courant populaire, un mouvement dirigé par le nationaliste Hamdeen Sabbani (qui est arrivé 3e à la présidentielle de juin), a annoncé dans la soirée que "toutes les forces révolutionnaires" avaient décidé d'entamer un sit-in place Tahrir.
"Il y a deux univers différents place Tahrir" selon notre correspondante en Egypte, "tout d'abord il y a des affrontements dans les rues tout autour de la place entre policiers et contestataires. Et sur la place, à une centaine de mètres des affrontements, il y a une toute autre ambiance, avec des chants, des slogans, le tout au milieu des vendeurs de pop-corn et de thé ".
La photo d'un camion de police brûlé prise par notre correspondante Vanessa Descouraux.
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